La collectivité de Corse propose dès le 23 avril l'exposition "Trà mare è monti architettura è patrimoniu" au musée de la Corse à Corte. Une installation permettant d'introduire les premières Assises de l'architecture et du Patrimoine qui se tiendront en mai prochain.
À partir du samedi 23 avril, la collectivité de Corse propose l'exposition "Trà mare è monti architettura è patrimoniu" au musée de la Corse à Corte. "Héritée des époques antiques ou plus contemporaines, l'architecture constitue une de nos plus grandes richesses et participe de la mémoire collective", indique l'institution.
Ainsi, le parcours débute par une sélection de représentations du patrimoine architectural de la Corse. Depuis les édifices majeurs, protégés au titre des Monuments historiques et jusqu'aux témoignages les moins visibles, afin d'illustrer la richesse et la diversité de l'héritage insulaire.
Il continue par la présentation du projet sur la friche industrielle de Barchetta, portée par l'architecte Sophie Fakis. Il propose une réflexion sur la réappropriation du patrimoine avec des perspectives de développement durable et soutenable.
Enfin, l'architecte Jean-Christophe Quinton, dans la dernière partie de l'exposition, l'architecte Jean-Christophe Quinton invite à comprendre sa démarche pour concevoir des édifices adaptés aux territoires. 20 maquettes, 50 photographies du patrimoine architectural de Corse ainsi que des dessins de grandes dimensions sont proposés aux visiteurs jusqu'en septembre.
Antonia Luciani, conseillère exécutive en charge de la culture, du patrimoine, de l'éducation et de la formation, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Quel est l'objectif de cette exposition ?
Antonia Luciani : nous avons voulu souligner qu'il existe une qualité architecturale en Corse. L'une des principales caractéristiques du bâti traditionnel insulaire est la hauteur avec des habitations groupées qui généraient une vie communautaire plus forte. Il faut savoir que le geste architectural est un geste politique puisqu'il crée le citoyen.
Cette exposition nous permet aussi d'introduire les premières Assises de l'architecture et du patrimoine qui se tiendront du 6 au 7 mai à Corte. Ces deux journées ont vocation à ouvrir le champ d'une vaste réflexion fondée sur la capacité du patrimoine architectural à s'inscrire dans notre quotidien et à occuper une place prépondérante dans le développement de notre société et l'aménagement des territoires de la Corse.
Vous parlez d'aménagement des territoires, la Corse est confrontée à une forte pression touristique et foncière qui induit une problématique de la bétonisation du littoral. Cette thématique sera-t-elle abordée ?
Antonia Luciani : lors de ces Assises, nous prévoyons de présenter des outils déjà existants comme une charte architecturale et paysagère. Et il y aura également une réflexion autour des outils de protection du paysage. De nombreuses rencontres entre des maires, des architectes et un certain nombre d'institutions sont également prévues afin que les premiers puissent comprendre l'importance de certaines préconisations.
Quant aux promotions immobilières, des chartes promoteurs utilisées dans d'autres collectivités seront présentées. Elles pourront éventuellement être récupérées ici afin de contraindre les promoteurs pour éviter la densification et ses effets délétères.
Les assises de l'architecture et du patrimoine entrent dans un projet d'un Riacquistu architectural porté par la collectivité de Corse. Quel est ce projet ?
Antonia Luciani : Dans les années 1970 le Riacquistu culturale s'est principalement porté sur le chant, la langue et l'architecture est restée le parent pauvre de ce mouvement. Avec ce projet, nous souhaitons mettre ce domaine au service, notamment, des insulaires. Nous avons entamé des discussions avec l'ordre des architectes qui veulent faire émerger leur parole.
De plus, se pose la question de la pédagogie à la fin des assises de l'architecture et du patrimoine, un volet est consacré à l'enseignement. Nous pensons à créer une école d'architecture puisque chaque année, une cinquantaine de jeunes Corses partent sur le continent pour étudier. Avec une école, nous pourrions peut-être envisager de garder la moitié sur notre territoire. Le but est de créer une dynamique.
Ce projet se penche-t-il aussi sur le rural souvent abandonné pour les grandes villes ?
Antonia Luciani : oui, les maires des communes du rural se trouvent souvent dans l'impossibilité de construire puisque les atteintes à l'environnement ne concernent pas seulement les grandes villes. Car c'est souvent dans les petits villages que se trouve le patrimoine le plus remarquable de l'île et donc le plus protégé. Se pose donc la question de comment accompagner ces maires qui ont souvent peu de moyens. Ici aussi, nous cherchons à installer une dynamique commune entre les institutions, comme le conseil d'architecture d'urbanisme et de l'environnement, et les acteurs de terrain afin de trouver des solutions. Avec ces premières assises de l'architecture et du patrimoine nous espérons voir se créer une task force, et surtout voir l'événement se pérenniser.