Ce 3 et 4 août, les Journées internationales de Corte réunissent différents courants nationalistes, indépendantistes et autonomistes, dont une délégation kanak venue apporter son retour d'expérience sur l'enjeu du gel du corps électoral, à la lumière des récents événements qui ont secoué la nouvelle Calédonie.

Cette année, les Ghjurnate Internaziunale se tiennent ce samedi 3 et dimanche 4 août, à la citadelle de Corte (Haute-Corse), evenement annuel du parti Nazione, et avant lui de Corsica Libera, pour évoquer les questions relatives à la politique insulaire et aux luttes d’indépendance dans le monde. Composition du corps électoral, spéculation immobilière, « colonisation de peuplement », emploi, foncier... de nombreux sujets sont au programme.

L'invité d'honneur de cette 42e édition n'a pas été choisi au hasard puisqu'il s'agit des représentants de Kanaky Nouvelle-Calédonie, venus apporter leur expérience sur plusieurs points, notamment celui du gel du corps électoral, que Nazione veut installer dans le débat public en Corse. Cette édition sera d'ailleurs la première depuis la création du mouvement nationaliste et indépendantiste, en janvier dernier, constitué notamment de Corsica Libera, ancien parti indépendantiste organisateur des Ghjurnate précédemment.

Un débat doit a eu lieu ce samedi après-midi sur cette revendication. Puis, dimanche, ce sera la question de la décolonisation qui sera abordée, en plus d'une animation musicale à 12h30 et d'un concert de l'Arcusgi à 20h30.

L'expérience kanake

"C'est un événement politique majeur et nous sommes dans un contexte riche par rapport à la récente dissolution de l'Assemblée nationale et aux incertitudes qui pèsent sur le traitement de la question nationale Corse à Paris", explique Petr'Antò Tomasi, porte-parole de Nazione, au micro de notre journaliste.

Parmi les principales revendications politiques à l'étude, celle du gel du corps électoral corse, qui résonne avec l'actualité récente en Nouvelle-Calédonie, où des émeutes ont éclaté en mai dernier après une révision constitutionnelle voulue par Paris et ouvrant le droit de vote aux résidents présents dans l'archipel depuis au moins dix ans pour les scrutins locaux, mettant ainsi fin à l’encadrement décidé dans les accords de Nouméa. "Cette question de refonte du corps électoral est posée également en corse [...] par le mouvement indépendantiste depuis plusieurs années [...] afin que ce soit véritablement le peuple corse qui décide librement de son avenir. [...] Les gens qui sont de passage et qui n'ont pas de vocation à intégrer ce peuple ne doivent pas peser sur le résultat des scrutins. Il y a donc une nécessité de fixer des règles."

Le porte-parole évoque la question de la "dé-corsisation" des emplois, mentionnée dans le rapport Glavany de 1998, selon lequel "la Corse apparaît être l’une des régions où le taux d’agents des ministères civils de l’État en poste dans leur région de naissance est le plus faible [...] jetant parfois le trouble ou le soupçon" sur les fonctionnaires. Il y voit une similarité avec la situation en Nouvelle-Calédonie.

"On a depuis plusieurs générations un lien historique avec les nationalistes et les indépendantistes corses", explique Mickael Forrest, secrétaire permanent pour les relations extérieures du FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), qui a répondu présent pour ces Journées internationales. "Ils nous ont beaucoup soutenus ces dernières semaines, que ce soit au niveau humain, technique, social ou encore financier. [...] Les Journées internationales sont pour nous l'opportunité encore de venir informer et sensibiliser les peuples frères amis, comme les Corses, mais aussi les Basques ou encore les Catalans et les Antilles. [...] Il est important de rappeler ici le droit international et la résolution en 1514 des Nations-Unies sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux."

Volonté d'internationalisation de la lutte

Conjointement avec des représentants indépendantistes guyanais, les militants de Nazione veulent lancer un appel à l'inscription de la Corse sur la liste des territoires "non-autonomes" à décoloniser de l'ONU (Organisation des Nations-Unies).

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