L'art contemporain n'est pas facilement abordable, il faut du temps pour en décrypter les codes et les repères. L'art demande parfois que l'on fournisse des efforts. "C'est de la foutaise", "c'est de l'argent gaspillé", les réactions négatives sont nombreuses. Et si l'on essayait de comprendre ?
Fabien Danesi, historien de l’art et critique, a visité la collection du FRAC Corse et conçu l’exposition La nuit les molécules l’horizon, un parcours inédit qui se découvre dans les salles d’exposition à Corte jusqu'au 15 octobre 2015. Régulièrement, le FRAC Corse propose à des personnalités, historiens, artistes, critiques de réaliser une exposition à partir de sa collection.
De salle en salle, les propositions plastiques s'opposent ou s'associent, se contredisent ou affirment leurs affinités afin de remettre en jeu une forme d'irrévérence à l'égard de la culture (et de son trop plein). À cette paisible promiscuité, il est donc préféré le néant qui offre aux œuvres un écrin, et permet de retrouver un éclat lumineux évident - si obscur soit-il.
Fabien Danesi
Sur l’esplanade et l'affiche, l’œuvre d’Ange Leccia, Sans titre (2015), accueille le visiteur.
"Cet arrangement répète un dispositif déjà utilisé à Barcelone en 1984 et à Munster en 1987. Dans ce dernier cas, les deux buts de football venaient des deux Allemagnes, à l’époque séparées. Les associer revenait à anticiper la réunification deux ans plus tard. Cette nouvelle version des cages repliées sur elles-mêmes représente l’art comme espace pacifié. Elle délimite un périmètre préservé où la nature du maquis peut s’épanouir. Sans titre, la pièce délimite un vide qui incarne une forme de retrait. Mais à l’extérieur des bâtiments de l’exposition, elle témoigne aussi d’une fragilité qui demeure la force paradoxale de la création artistique au sein de notre société."
Volontiers pédagogue, le FRAC Corse met à disposition du public une présentation des oeuvres de l'exposition ainsi qu'un document d'aide à la visite de l'exposition, pas d'excuse pour ne pas s'y rendre.