Joseph Sicurani s'en est allé à l'âge de 95 ans, le lundi 12 juin. Durant toute sa vie, il n'avait eu de cesse de développer la langue corse et laisse derrière lui une œuvre considérable.
C'est hier que Joseph Sicurani s'est éteint, à l'âge de 95 ans.
Peintre, chroniqueur, écrivain, il avait suivi le cursus de la prestigieuse école des Beaux-Arts et était revenu enseigner l'art plastique à Corte, où il avait passé sa vie.
En parallèle de sa longue carrière de professeur agrégé d'arts plastiques, il avait œuvré pour l'enseignement et le développement de la langue corse.
Un amoureux de la langue
Toute une génération de passionnés de la langue s'est inspirée des pionniers de la valorisation et de la promotion linguistique.
Corinne Champier, directrice de l'ADECEC, l'Association pour le Développement des Etudes Archéologiques, Historiques, linguistiques et Naturalistes du Centre-Est de la Corse, se souvient : "Joseph Sicurani, était de la même génération que les fondateurs de l'ADECEC. Pour ces gens-là, il y avait un amour pour la langue, et une passion pour la transmission... Cet amour s'exprimait en dehors de toutes les volontés et considérations politiques dont on parle aujourd'hui. C'était un avant-gardiste et un amoureux de la langue."
Durant les années 90, Joseph Sicurani publiait chaque semaine dans Corse-Matin, U dettu di l'etima, une chronique écrite en corse et traduite en français, témoignage de la Corse de jadis, dont il avait, par la suite, fait un ouvrage.
Le dizziunariu : l’œuvre d'une vie
Son dizziunariu corsu-francese, ouvrage monumental, de plus de 1000 pages, regroupant près de 80.000 mots, était le fruit de 50 ans de recherches et de centaines de collaborations, aux quatre coins de l'île pour témoigner de la richesse de la langue corse.
Un travail de recherche précis dont témoigne l'auteur et linguiste Ghjacumu Fusina aujourd'hui : "Joseph Sicurani incarnait la génération qui nous précédait, nous l'admirions. C'était un vrai chercheur. Ses recherches étaient très pointilleuses. On s'en souviendra avec respect. Pour ma part, j'ai bien sûr son dizziunariu dans ma bibliothèque et je m'y réfère, de temps à temps".
Avec la disparition de ce ponte de la langue ; "La société corse perd un des derniers pilastru di a nostra lingua corsa"; regrette Corinne Champier.
Visionnez le reportage France 3 Corse Via Stella du 08 novembre 1995