Dans le Cap Corse, le port de plaisance de Centuri se bat depuis plusieurs années contre une invasion de posidonies. Celle-ci impacte fortement l'activité économique de la commune, qui repose sur la saison touristique. La municipalité craint de devoir interdire la location de places l'été prochain si rien n'est fait d’ici là.
Sous le calme apparent, la colère gronde dans le petit port de plaisance de Centuri.
Un port envahi par les posidonies.
Cette plante aquatique, poussées par les courants, forme des herbiers qui s’accumulent dans le port depuis des années. Deux mètres cinquante de fond sont entièrement recouverts.
L'activité des pêcheurs en question
Raymond de La Bastie vit à Centuri depuis 60 ans. Chaque fois qu’il sort son bateau, ce plaisancier a de la difficulté à manœuvrer : "Moi je peux passer avec un moteur hors-bord levé mais un moteur inboard qui aspire l'eau en dessous ne peut pas, il aspire les posidonies et il va avoir forcément des problèmes de moteur."
Il n’est pas le seul impacté par la présence des posidonies.
L'un des pêcheurs craint pour son activité. En 10 ans il a dû changer trois fois d’hélices, pour un coût total de 10 000 euros.
Seule solution : draguer le port.
Espèce protégée
Mais la posidonie est une plante protégée, qui joue un rôle écologique majeur en Méditerranée.
Le maire du village se bat pour que l’Etat et la Collectivité de Corse (CdC) agissent. "Pour effectuer le dragage, il faut des autorisations environnementales compte tenu de la législation qui s'applique en la matière. Il y a une première autorisation de cette nature qui a été prise en 2019 mais qui n'a pas été suivie d'effet. Et il y a une deuxième autorisation qui vient d'être accordée en septembre par Monsieur le préfet de Haute-Corse et donc aujourd'hui, cette question réglementaire est réglée. Il reste maintenant à passer aux actes."
"L'odeur remonte, c'est insoutenable"
Agir, et vite, car la prochaine saison touristique est menacée, selon les commerçants.
"Les clients se plaignent de l'odeur des algues. Le pire, c'est quand il y a des bateaux qui sortent et qui remuent tout le fond. Là, avec l'odeur remonte, c'est insoutenable", explique Marc Albertini, restaurateur.
Le port appartient à la CdC, qui devra donc financer les travaux.
2 millions d'euros de travaux
Des travaux très coûteux, estimé plus de 2 millions d’euros, car la législation oblige à évacuer les posidonies sur Marseille, pour y être traitées ou incinérées.
"La première tranche est envisagée avant l'été 2024 et déjà budgétisée au niveau de la collectivité et la deuxième tranche de 2500 mètres cubes à transporter sur le continent sera faite ultérieurement", détaille Denis Toma, chef du service des ports et aéroports à la CDC.
La municipalité de Centuri, elle, espère toujours que le dragage pourra être effectué avant l’été prochain.
Retrouvez le reportage de Sybille Broomberg et Enzo Giugliano :