Plus d’un millier de brebis envoyées à l’équarrissage en moins de deux mois, c’est le lourd bilan de la fièvre catarrhale cet été. Un bilan qui pourrait se révéler bien plus lourd pour le cheptel insulaire car il ne comptabilise que les brebis déclarées mortes et que le virus, toujours actif, pourrait sévir jusqu’à la fin de l’année. À la chambre d’agriculture de Haute-Corse, la situation inquiète.
Ce lundi 26 août, 21 brebis ont été déclarées mortes et envoyées à l’équarrissage en Corse.
Depuis début juillet, le bilan des bêtes terrassées par la fièvre catarrhale ne cesse de s’alourdir.
D’après les services de l’État, une cinquantaine de troupeaux seraient concernés et les vétérinaires sanitaires recenseraient 300 décès d’animaux dus au virus.
Un bilan qui pourrait être bien en dessous de la mortalité réelle.
Hausse des décès
Au mois de juillet, 786 bêtes ont été envoyées à l’équarrissage en Corse, c’est 500 de plus que ces deux dernières années sur la même période.
Une tendance qui se confirme pour le mois d’août. Entre le 1er et le 22 août de cette année, les équarrisseurs ont collecté 915 animaux, soit 600 de plus que les mois d’août 2022 et 2023.
En tout, les chiffres fournis par les équarrisseurs font apparaître une hausse de 1100 décès supplémentaires cet été. Des données qu’il faut pondérer, puisque les professionnels du secteur estiment que les éleveurs ne font appel à leurs services qu’une fois sur trois.
Lourdes conséquences
Autre facteur important, la maladie s’est déclarée très tôt cette année, empêchant la vaccination d’une partie du cheptel, notamment celle des brebis gestantes, nombreuses en cette période. Ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences, au-delà des décès enregistrés.
"Un animal malade mais qui n’a pas les symptômes n’est pas reconnu comme tel. Même s'il ne meurt pas, il peut ne pas mettre bas, ne pas avoir de production de lait et donc être un poids pour l’exploitation, explique Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse. Il faut le nourrir sans aucun revenu et même sans être sûr que l’année d’après cet animal va être productif. Donc on veut une étude sérieuse pour savoir où on va."
Quelle incidence aura le virus sur les mises bas de septembre et octobre ? Qu’adviendra-t-il de la production laitière ?
Au niveau national, les éleveurs touchés réclament le soutien de l’État. Une demande à laquelle s’associe la Chambre d’agriculture de Haute Corse, qui souhaite l’indemnisation de toutes les pertes.
Le virus pourrait rester actif jusqu’à décembre.
Le reportage de Maïa Graziani et Christian Giugliano :