Bastia : les urgences de nouveau en grève

Le personnel soignant des urgences de Bastia entame aujourd'hui son cinquième jour de grève, débutée mercredi 24 juillet. Au centre des revendications, l'amélioration des locaux du service, devenus inadaptés à l'accueil des patients dans de bonnes conditions et au travail des soignants.

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« C’est ahurissant. Des fois, on ne peut même pas pousser les brancards tellement il n’y a plus de place ! »

Cette complainte, c’est celle d’André de Caffarelli, chef des urgences de Bastia. Mais c’est aussi celle de tout le personnel du service.

Locaux inadaptés pour accueillir correctement les patients, manque de médecins urgentistes, organisation du parcours de soin peu efficient…

Ces problématiques, dénoncées à Bastia, sont les mêmes que dans bien d’autres services d’urgence en France.
 


Réunis au sein d’un collectif inter-urgences, ils ont débuté mercredi 24 juillet, une grève.

Un mouvement suivi par les urgences de Bastia, et soutenu par l’intersyndicale CGT, FO et STC.
 

Manque de place

 

« Il faut améliorer la qualité de la prise en charge des patients, assène Rose-Marie Martinelli, porte-parole de l’intersyndicale. Aujourd’hui, la structure des locaux n’est plus adaptée aux flux que l'on reçoit. »

Et pour cause : construit dans les années 70, les locaux des urgences étaient prévus pour accueillir 20.000 passages à l’année.

Pourtant en 2018, c’est plus de 34.000 passages qui ont été enregistrés, rapporte André de Caffarelli : « Nous avons quasiment doublé notre activité, mais pas notre surface !»

Les locaux, trop petits, ne permettraient plus un respect optimal de la confidentialité.
 

Nous avons quasiment doublé notre activité, mais pas notre surface !


Et imposeraient même parfois au personnel d’occuper l’espace commun pour soigner les patients.

Résultat, les conditions d’accueil et de soins sont jugées « inacceptables » par le personnel soignant.
  

Recrutement compliqué 


Un « manque de dignité » qui impacte les malades et les blessés, mais également les médecins urgentistes.

Si les urgences de Bastia ont « assez de personnel » jusqu’à la fin de l’été, André de Caffarelli témoigne de vraies difficultés pour recruter du nouveau personnel, ou fidéliser celui déjà présent.
 

Quand vous avez des locaux qui ne tiennent pas la route, comment voulez-vous que les gens qui viennent travailler y restent ?
 

« Ce n’est pas un problème qui touche uniquement les urgences, les modes de travail évoluent. Mais quand vous avez des locaux qui ne tiennent pas la route, comment voulez-vous que les gens qui viennent travailler y restent ? »

À ses yeux, agrandir, restructurer et surtout améliorer l’état des locaux est nécessaire pour parvenir à attirer de jeunes médecins corses.

 

Disfonctionnements nombreux 



Surtout que les problèmes fonctionnels, déplorés par le personnel depuis de nombreuses années, s’aggravent au moindre événement météorologique.

Ainsi, les intempéries qui ont touché l'île ce samedi 27 juillet ont laissé des traces de leur passage aux urgences : l’eau s’est infiltrée à plusieurs endroits dans les locaux, notamment par un toit en travaux.
 

Il est grand temps que ça bouge


Pour contenir l’arrivée de la pluie, le personnel est contraint de laisser une poubelle au milieu du couloir, bloquant partiellement le passage.

 

Et le service a même dû composer pendant ¾ d’heure sans électricité en début de soirée.

Un problème qui a touché tout le quartier et non pas seulement les urgences, certes, mais qui « ne devrait même pas exister », selon André de Caffarelli : « Tout ça, additionné aux autres disfonctionnements, ce n’est juste pas possible. Et il est grand temps que ça bouge. »


Dialogue


Un financement de l’Etat pour moderniser les urgences a bien été annoncé début juin. Mais dans l’attente, le personnel est bien décidé à faire avancer les choses.

« Nous allons proposer à l’ARS des solutions d’améliorations, qui sont de fruit de dialogues entre les syndicats, le personnel et le directeur de l’hôpital » explique Rose-Marie Martinelli, porte-parole de l’Intersyndicale CGT-FO-STC.

Parmi ces solutions, la restructuration des locaux, évidemment, avec notamment une « organisation du plan d’occupation des sols plus structurée, avec des petits travaux d’aménagements, comme des cloisons ».

De quoi assurer de vraies zones de confidentialité.
 

Un premier accord trouvé


Un premier accord a été trouvé mercredi 31 juillet. Les syndicats, la direction de l’hôpital et la directrice de l’agence régionale de Santé, Marie-Hélène Lessene, se sont réunis à huis clos pour débattre. 

À la sortie, tous semblaient satisfaits. « Cette organisation nouvelle va permettre à l’hôpital de Bastia d’avoir des recettes supplémentaires. Ces recettes viendront compenser, à terme, le coût des travaux à réaliser : 1,5 million d’euros », indique Pascal Forcioli, directeur de l'hôpital de Bastia. 
 

Cette organisation nouvelle va permettre à l’hôpital de Bastia d’avoir des recettes supplémentaires


Reste encore à faire valider les demandes du centre hospitalier par un comité d'experts, afin d'en limiter les coûts.

Le dossier présenté par l’hôpital demande ainsi un agrandissement de 250 mètres carré. Un bâtiment qui permettra de délocaliser la partie administrative et donc libérer de la place pour les soins. 

Pour l'instant, l'accord est arrêté sur une solution transitoire, qui devrait permettre aux urgences de réagencer le service d’ici à 2020.
 

On pense mettre en place une manifestation ponctuelle


Un premier pas jugé par les syndicats comme allant dans la bonne direction, mais qui ne répond pas à toutes les revendications des soignants. D'où leur décision de poursuivre ponctuellement la grève, pour une période indéterminée.

« On pense mettre en place une manifestation ponctuelle, comme tous les jeudis, par exemple » explique ainsi Rose-Marie Martinelli.

Jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues.

Soutien


Selon un sondage Odoxa, la population française approuverait à 92% le mouvement de grève des urgences.

Pierre Savelli, le maire de Bastia, assure vouloir solliciter la ministre de la Santé Agnès Buzyn « main dans la main avec le personnel » afin de « mettre en œuvre des mesures pérennes pour des conditions de travail optimales pour le bien de tous.»
 
Core In Fronte a également affirmé son soutien au personnel des urgences de Bastia, précisant être pour « la création d'un CHU en Corse ».  Une revendication de longue date.
 

 

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