Coupe du monde de foot : incidents après le match du Maroc lors d’un défilé à Bastia

Quelle est la nature des incidents qui ont émaillé les célébrations de la victoire de l’équipe nationale du Maroc samedi dernier à Bastia ? Difficile de l’établir précisément, mais des témoignages concordants évoquent des coups et des insultes. À gauche, une partie de la classe politique condamne. Les autorités disent elles ne pas avoir été informées.

Des supporters de l'équipe du Maroc insultés, leur véhicule endommagé, et des coups échangés : selon plusieurs témoignages que France 3 Corse ViaStella a pu réunir, ces incidents seraient survenus en marge de la rencontre ayant opposé le Maroc au Portugal, dans le cadre de la coupe du monde de football, samedi 10 décembre.

Les faits se seraient déroulés peu de temps après le coup de sifflet final, et la qualification du Maroc en demi-finale. Une dizaine de voitures défilent alors le long du boulevard Paoli, avec aux volants et assis sur les sièges passagers, des supporters de l'équipe marocaine, qui klaxonnent et clament leur joie, drapeaux à la main ou aux fenêtres de leur voiture.

Brefs incidents

Il est aux environs de 18h30 quand les scènes de liesse auraient commencé à s'entacher d'incidents. "Un groupe constitué d'une dizaine de personnes a commencé à crier des insultes aux supporters marocains", indique une femme qui dit avoir assisté à la scène depuis sa voiture.

Ces personnes, à priori assez jeunes et aux visages camouflés, assurent plusieurs témoins de la scène, s'en seraient ensuite pris directement aux voitures des supporters, tapant du poing sur la carrosserie. 

"Ça a énervé un des conducteurs qui leur a dit de partir, que ça suffisait, détaille un homme qui se trouvait, assure-t-il, à quelques mètres des faits. Et ça ne leur a pas plu." Le groupe s'en serait alors pris violemment au conducteur du véhicule en lui donnant des coups. "Il avait la fenêtre ouverte et a répondu aux coups, détaille la conductrice témoin. Une barre de fer a été dégainée, et le rétroviseur de la voiture a été arraché, sectionné, et a roulé au sol."

En tout, ça a duré peut-être cinq, dix minutes. Peut-être même moins.

L'épisode, résume une jeune femme qui faisait ses courses dans une boutique annexe, aura surtout été marquant par violence et par sa rapidité : "en tout, ça a duré peut-être cinq, dix minutes. Peut-être même moins."

Ni plainte, ni intervention des forces de l'ordre

Des agressions verbales voire physiques qui n'ont jusqu'ici pas donné lieu à un dépôt de plainte, ni, à priori, à une intervention des secours : contacté, le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery, indique ainsi qu'aucune remontée directe sur ces faits ne lui est parvenue à cette heure.

Il en va de même pour la direction départementale de la sécurité publique, qui précise ne pas être intervenue pour un tel événement ce samedi soir à Bastia, tout comme les sapeurs-pompiers de Haute-Corse, qui expliquent ne pas avoir été contactés.

A gauche, des agressions estimées racistes

Reste que sur les réseaux sociaux, l'affaire a trouvé un certain écho : depuis hier, dimanche 11 décembre, les messages condamnant cette agression de plus en plus nombreux sont publiés.

Des communiqués issus pour certains de partis politiques, Ghjuventù di Manca en premier lieu, qui dénonce "des violences à caractère raciste" et une population "d'origine maghrébine invisibilisée et marginalisée au quotidien, au point que le simple fait d'exprimer sa joie dans l'espace public lui est dénié".

La section corse du Parti communiste s'est également fendue d'un bref message reprochant l'action de "quelques énergumènes pris de pulsions racistes", et des agissements "intolérants et fascisants, contraire à l'esprit sportif".

La consule du Maroc en Corse dénonce un "non-événement"

Des propos que tempère aujourd'hui la consule générale du Maroc en Corse, Najoua El Berrak. Pour cette dernière, il s'agit ici d'une "instrumentalisation" politique des événements. Elle indique ainsi avoir recoupé, dès la parution des premiers communiqués, les informations qui y sont décrites auprès de la communauté d'origine marocaine insulaire. 

"Mon impression, c'est que ce communiqué [de Ghjuventù di Manca] est démesuré. Ce qui s'est passé, c'est un non-événement. Selon mes informations, il y avait trois voitures, et ce seraient des jeunes, de 14/15 ans, qui ont dit aux supporters, "c'est bon, vous avez célébré, maintenant rentrez chez vous". Les supporters les ont ignoré, et ils ne l'ont peut-être pas apprécié et ont commencé à taper le capot des voitures avec leurs paumes."

Ce qui s'est passé, c'est un non-événement.

Najoua El Berrak, consule générale du Maroc en Corse

Pour cette dernière, les joutes seraient restés dans leur large majorité verbales. "C'est possible que cela ait découlé sur quelques coups, mais ce ne sont pas les informations qui me sont remontées. On parle dans le communiqué de plusieurs barres de fer, d'agressions racistes... Je trouve que tout cela est très fort et que ce communiqué porte atteinte à tout le monde. Cela ne sert à rien de chauffer les esprits de la sorte."

La consule appelle également à "replacer les choses dans leur contexte" : "C'est avant tout une belle soirée, où de nombreux Marocains ont regardé le match en compagnie d'amis Corses, des familles qui regardaient ensemble dans un bel esprit, et cela, c'est fabuleux, et on n'en parle pas assez."

Des faits à priori isolés

Il est à noter que ces incidents, réels ou pas dans leur ampleur, apparaissent en Corse comme isolés. À Bastia, dans d’autres quartiers, ou dans d'autres communes de Corse, les célébrations des supporters de l'équipe du Maroc se sont également tenues samedi soir, comme à Ghisonaccia. Une fête qui aurait duré de longues minutes sans qu'aucun incident ne soit à déplorer. 

La prochaine rencontre du Maroc se tiendra mercredi face à la France. Un match qui sera très suivi dans l’île. Une soirée qui, on l’espère, se déroulera dans le calme et le respect de tous.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité