En décembre 2020, l'affaire de la grande roue de Bastia, interdite d'accès par arrêté préfectoral faute à la crise sanitaire, avait engendré bien des contestations de la part de la municipalité. Deux ans après, la mairie a finalement obtenu raison : l'Etat devrait lui verser 46.800 euros d'indemnités.
La roue a tourné. Il aura fallu attendre deux années, mais la victoire n'en est pas moins saluée par la mairie de Bastia.
Forcée de renoncer, en 2020, à l'ouverture au public de la grande roue inaugurée pour la première fois sur la place Saint-Nicolas - en lieu et place de l'habituelle patinoire des fêtes de fin d'année, jugée incompatible avec le contexte épidémique -, la commune de Bastia devrait finalement être indemnisée à hauteur de 46.800 euros. Soit la somme correspondant à celle versée par la ville à l'exploitant pour l'installation, l'exploitation et le démontage de l'attraction.
Un montant demandé par courrier en date du 16 septembre 2022 au préfet de Haute-Corse, qui a lui même remonté la requête auprès du ministère de la santé et de la prévention, compétent en la matière, indique la municipalité. Lequel a finalement donné son accord, et proposé que l'Etat "couvre l'entier préjudice subi".
Le protocole transactionnel sera soumis ce jeudi 15 décembre au conseil municipal de Bastia.
Interdite par arrêté préfectoral
Pour rappel, en novembre 2020, l'installation d'une grande roue est actée. Un mastodonte de 40 mètres de haut et de 33 mètres de diamètre, idéal pour admirer les toits de la ville et des stands du marché de Noël, et loué à un forain pour la modeste somme de 45.000 euros.
La période d'exploitation est alors prévue pour un mois et trois semaines, du 1er décembre au 22 janvier 2021. Les réjouissances sont néanmoins de courte durée : le 16 décembre, la préfecture de Haute-Corse émet un arrêté interdisant l'accès du public à la grande roue. Une décision justifiée par la crise sanitaire, les autorités préfectorales estimant impossible de garantir autour de cet équipement "une sécurité sanitaire".
Hormis quelques chanceux venus tôt dans la matinée profiter des quelques tours avant parution officielle de l'arrêté, les Bastiais se trouvent alors contraints d'admirer la roue les pieds bien sur terre plutôt qu'en l'air.
La commune décide d'attaquer cette décision, en saisissant d'un référé en suspension le tribunal administratif de Bastia. Le maire acte alors d'un protocole sanitaire dense et complet construit pour permettre, justement, l'ouverture de l'équipement au public. Pas suffisant pour convaincre le TA, qui, le 24 décembre, donne raison au préfet de Haute-Corse.
Pierre Savelli dépose dans la foulée un recours de fond devant la même juridiction administrative. Celui-ci est examiné un an et demi plus tard, en juin 2022. Le tribunal administratif donne cette fois raison à la municipalité, et décide d'annuler l'arrêté du 16 décembre 2020 du préfet de la Haute-Corse.
Dans son jugement, le TA rejette les arguments avancés par la préfecture, actant notamment que le port du masque étant obligatoire sur le territoire communal, la distanciation obligatoire, et le flux prévu pour éviter le croisement d'entrants et sortants de l'attraction, la constitution de rassemblements en dehors de la file d'attente était improbable, et la mesure disproportionnée au vu des conditions sanitaires alors enregistrées.