La Communauté d'agglomération Bastiaise donne le coup d'envoi du réaménagement des friches Mattei

Cet ancien fleuron de l'industrie insulaire est à l'abandon depuis près de 50 ans. Un projet, financé en partie par l'Etat, devrait le réhabiliter. La CAB, hier, a fait valider sa volonté de piloter le chantier, en lieu et place des communes concernées.

Devant le conseil communautaire, le Bastiais Philippe Peretti n'a pas manqué de rappeler tout le poids symbolique, de l'ancienne distillerie Mattei dans l'imaginaire insulaire : "ces friches sont le témoignage de ce qu'a été le formidable foisonnement économique de cette zone, durant des décennies, de la Monarchie de juillet à la Troisième République. On imagine difficilement aujourd'hui l'activité qui régnait ici, dans les quartiers nord de Bastia, au XIXe siècle et à la Belle époque".

"On appelle cela les friches Mattei mais il y a eu bien d'autres choses il y a eu bien d'autres choses", complète Michel Rossi, le maire de Ville di Pietrabugno. "Forges et hauts-fourneaux, d'abord, puis, après le départ de Mattei, la manufacture de tabac Job... C'est de cet endroit qu'est née la réputation de capitale économique de Bastia". 

Renaissance

C'était une autre époque. Depuis près d'un demi-siècle, ce fleuron industriel gît, abandonné, à quelques centaines de mètres du port de Toga, au pied de la clinique Zuccarelli. Les bâtiments en ruine font partie du décor, et tout le monde, dans le quartier, a accepté cette idée. 

Mais en 2021, Jacqueline Gourault, alors ministre de la cohésion des territoires,a signé une convention PTIC (plan de transformation et d'investissement pour la Corse) avec Bastia et la CAB, pour un montant de 150 millions d'euros, pour entreprendre des "projets structurants". 

Une partie de cette somme, 27,25 millions, est censée servir à la "requalification urbaine du secteur de Toga". Et la réhabilitation des friches Mattei fait partie du projet.

Reste à savoir qui doit s'emparer du dossier.

C'était tout l'enjeu du rapport présenté hier soir devant le conseil communautaire, pour la dernière session de l'année 2023.

La CAB entend en effet "exercer de plein droit au lieu et place des communes membres les compétences de définition, création et réalisation d'opérations d'aménagement d'intérêt communautaire". Ce serait elle, en clair, qui piloterait le projet, au lieu de la commune sur laquelle se trouvent les friches, à savoir Ville di Pietrabugno.

Une hypothèse qui a été validée à l'unanimité. Julien Morganti, qui siège sur les bancs de l'opposition, estime que l'on est, avec ce dossier, "dans le cœur même du métier de la communauté d'agglomération".

Rayonnement

"Ce dossier des friches Mattei, c'est, de mon point de vue, un dossier exemplaire. Et il doit l'être. C'est peut-être le dossier le plus important que l'on ait eu à engager. Il nous permettra de redynamiser cette zone", estime Michel Rossi, le maire de Ville di Pietrabugno.

Louis Pozzo di Borgo, pour sa part, assure que "ce projet rayonnera sur un large territoire, alors qu'il se trouve au carrefour de Bastia, Ville di Pietrabugno, et du Cap Corse". 

On ignore encore de quelle manière.

Le rapport présenté hier soir expliquait en quoi il était judicieux que la CAB dispose de cette compétence, mais pour savoir à quoi ressembleront les friches Mattei dans quelques années, il faudra encore patienter. Le projet n'en est qu'à ses balbutiements, même si, en coulisse, les services de la communauté d'agglomération se sont mis au travail.

"Il nous faudra faire preuve d'imagination, et de créativité", conclut Philippe Peretti.