À Bastia, l'association Clubhouse accueille des personnes souffrant d'un trouble psychique, pour les aider à mieux se réinsérer socialement, par l'action collective. Prochain objectif : l'organisation d'un spectacle d'improvisation de la troupe Mikano, ce samedi, à l'Alb'oru.
"Je ne faisais plus rien, à part télé canapé... C'est tout ce que je faisais de mes journées. Je ne prenais pas soin de moi, de ma santé..." Ce jeudi matin, Olivier Vervialle répète devant une petite audience son discours.
Des paroles empreintes de vérité, car ici, au Clubhouse de Bastia, comme lui, tous souffrent de troubles psychiques. Plusieurs fois par semaine, Olivier les autres se réunissent au sein de l'association. Pour beaucoup, c’est une renaissance.
"La dépression est complètement partie, parce que maintenant j'ai tellement de choses à faire, assure Olivier Vervialle. C'est vraiment génial. Ça a changé toute ma vie. J'ai retrouvé le sourire, je suis heureux de vivre... Tout va bien."
Ça a changé toute ma vie. J'ai retrouvé le sourire, je suis heureux de vivre...
Angélique Mattei, 52 ans, souffre également de dépression sévère. Elle ne travaille plus depuis 2005. Mais entourée des membres du Clubhouse, elle retrouve une certaine motivation."Le matin je me lève et j'ai quelque chose à faire. Et puis on se coache, avec les autres qui sont un peu perdus aussi", indique-t-elle.
"J'ai commencé doucement à venir aux réunions, ça m'a plu, ça m'a intéressé, et ça m'a permis de sortir un peu de ma routine, de rompre avec l'isolement", confirme de son côté Sébastien Orsini, 45 ans et également membre de l'association.
Retrouver confiance en soi
Depuis 2 mois, l'ensemble du Club prépare l’organisation d’un spectacle à l’Alb'oru. Une pièce d'improvisation théâtrale, où chacun endossera un rôle bien défini. Un objectif à court terme, pour l'ensemble des membres, et une façon de les aider à se réinsérer et à retrouver confiance en eux-mêmes. Il s'agit de la vocation de l'association.
"Pour tous, c'est la première soirée qu'ils organisent. Il y a deux mois, à l'invitation de la troupe des Mikano, qui proposait de faire un spectacle avec le Clubhouse, les membres de l'association se sont dit : "Il y a du travail, est-ce qu'on va réussir à y répondre ?" et ils y ont très très bien répondu", raconte Jean-Yves Bonifay, directeur du Clubhouse de Bastia.
"Ils se sont rendu compte qu'il n'y avait rien d'insurmontable à partir du moment où on faisait ça marche par marche. Ils se sont chargés de la communication, d'envoyer un mail au maire pour lui demander la gratuité de la salle, ils se sont occupés de contacter la sécurité... Il a fallu penser à plein de petits points, qui à un moment, regroupés, peuvent représenter un gros travail, et ils y ont parfaitement répondu. En ce moment, on fait les derniers ajustements, mais tout est au point", se réjouit-il.
Ils se sont rendu compte qu'il n'y avait rien d'insurmontable à partir du moment où on faisait ça marche par marche.
Ce samedi 13 avril, à 20h30, c’est devant 200 personnes qu’Olivier prononcera son discours. Alors à deux jours du grand moment, les membres de l'association sont venus repérer les lieux.
"Moi, j'étais enfermé dans des cuisines, je ne voyais jamais personne, et là du jour au lendemain je vais être devant 200 personnes, c'est fou, sourit Olivier Vervialle. Mais c'est bien. C'est très bien."
Les recettes du spectacle seront reversées à l’association Club House. Aujourd’hui en France, une personne sur cinq connaîtra un épisode dépressif dans sa vie.
Qu'est-ce qu'un Clubhouse ?
Le modèle des clubhouse est né dans les années 1940 aux États-Unis. L'objectif : proposer un lieu d'accueil pour rompre la solitude et construire un projet professionnel pour toutes personnes atteintes d'un trouble psychique, tel que la bipolarité, la schizophrénie, un burn-out ou encore la dépression sévère.
Les membres sont entourés par des encadrants, qui visent à restaurer leur confiance en eux, en leurs compétences, et leur estime d'eux-mêmes. Le tout visant à reconstruire progressivement un projet de rétablissement.
Ces structures existent aujourd'hui dans neuf villes en France - Paris, Bordeaux, Lyon, Nantes, Lille, Bastia, Rennes, Marseille et Rouen –, et accueillent et accompagnent quelque 1500 personnes au quotidien.