Grève dans les centres médicaux à horaires élargis : "on ne vient pas nous voir à 21 heures pour le plaisir"

Les centres médicaux 7/7 de Bretagne garderont portes closes du 22 décembre 2024 au 2 janvier 2025. Les praticiens de ces structures dénoncent la nouvelle convention signée avec l'assurance maladie : pour être remboursés, les patients devront composer le 15 avant toute consultation après 20 h et les week-ends, pour obtenir un remboursement.

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Dans la salle d’attente du centre médical, ça tousse, ça mouche… C’est la saison des rhumes et autres plaisirs de l’hiver. Rien de grave, mais parfois, quand la fièvre monte, une consultation s’impose. 

À Lanester comme à Ergué Gabéric, Concarneau ou Guipavas dans le Finistère, ou à Chantepie en Ille-et-Vilaine, elles se font sans rendez-vous, 7 jours sur 7 et jusqu’à 22 heures. "On fait à la fois de la médecine générale traditionnelle, décrit Antoine Langevin qui exerce dans le cabinet depuis un an, on suit des patients, on fait des vaccins, de la prévention, du dépistage et nous avons aussi une activité non programmée pour prendre en charge des petites sutures, des plâtres etc. Nous sommes entre la médecine et l’hôpital."

Les cabinets de ce type se sont peu à peu imposés dans le paysage un peu partout en France. 
"Nos confrères ont énormément de travail. Il y a de plus en plus de départs à la retraite, de moins en moins d’installations et en même temps, de plus en plus de malades pour qui les délais de prise en charge s’allongent, poursuit le médecin. Nous sommes là pour éviter aux gens d’aller aux urgences pour des soins qui sont "dans nos clous"." 


Tous les jours, le centre de Lanester accueille entre 100 et 120 patients par jour. 

Une nouvelle convention qui pourrait tout changer

Mais la nouvelle convention signée cet été avec l’assurance maladie pourrait changer la donne. 
Jusqu’ici, les médecins de ces centres bénéficiaient d’une majoration des prix de leurs consultations le soir et le week-end (plus 35 et plus 19 euros). 

Désormais pour que les patients soient remboursés de ces majorations, ils devront être passés par le 15. Un médecin les orientera alors vers les urgences, le centre médical ou les invitera à patienter jusqu’au lendemain. 

Une aberration pour le docteur Langevin. "On va engorger le SAMU qui est déjà saturé et les appels vont empiéter sur les appels vraiment urgents ! 

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reportage de Y. Etienne; L. Bonis et J.F. Barré ©France 3 Bretagne

"Mais c’était déjà la règle, s’étonne Françoise Le Fur, la directrice de la CPAM du Morbihan. La régulation c’est la règle. Un médecin doit déterminer si la demande du patient nécessite qu’il soit vu de manière urgente en fonction de ce qu’il décrit. Nous devons faire une distinction entre la demande et le besoin. L’assurance maladie accepte de majorer un certain nombre d’actes, s’il y a vraiment besoin !"

"La majoration continuera de s’appliquer, ajoute Gaspard Lallich, le directeur adjoint à la CPAM du Morbihan, s’il y a une urgence. Une urgence c’est une urgence vitale ou un risque d’atteinte à une intégrité physique."

Lire : "Ce décret touche à la sécurité des patients et à l’avenir de notre profession", les infirmiers de bloc opératoire inquiets pour leur spécialité

Vers une médecine à deux vitesses ?

Les médecins des centres médicaux s’agacent : "les gens qui viennent nous voir le soir à 21h30 ou le week-end, ce ne sont pas des gens qui viennent pour le plaisir ou pour faire un certificat médical. 
Mais demain, si les patients ne font pas le 15 et que la raison pour laquelle ils sont venus consultés n’est pas jugée vitale, ils ne seront pas intégralement remboursés. On va vers une médecine à deux vitesses ! dénonce Antoine Langevin. Et d’ajouter, et le médecin, lui, sera moins rémunéré ! "

Il craint une réelle désorganisation des soins : "soit les gens n’appellent pas le 15, et vont directement aux urgences, déjà bondées… Soit ils composent le numéro mais que se passe-t-il si on leur indique de ne pas venir ? S’ils sont inquiets, ils viendront quand même nous voir ou se tourneront vers les urgences et il y a toujours le risque que l’état d’une personne que l’on n’a pas vue ne s’aggrave !"

Comme un peu partout en France, les centres médicaux de Lanester et ceux de Concarneau, Guipavas, Ergué Gabéric et  Chantepie seront donc fermés jusqu’au 2 janvier. 

(Avec Yoann Etienne)
 

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