La procureure de la République de Bastia a requis 5 mois d’emprisonnement et 15 000€ d’amende ce mardi, à l’encontre de Charles Pieri. La décision du tribunal correctionnel de Bastia a été mise en délibéré au 11 septembre.
Charles Pieri était absent de son procès ce mardi. Absents, également, les militants nationalistes. La salle d'audience du tribunal correctionnel de Bastia est presque vide.
Le Président du tribunal a d'abord rappelé les faits et lu dans l’intégralité un post Facebook sur un compte attribué à l’ancien leader du FLNC. L'auteur du message y compare Dominique Erignac, la femme du préfet de Corse assassiné en 1998, aux femmes qui ont couché avec des soldats nazis durant la Seconde guerre mondiale.
Plusieurs éléments d'enquête indiquent qu'il s'agit bien du compte Facebook de Charles Pieri : des photos mais aussi commentaires de proches de Charles Pieri.
L’enquête a également montré que le post avait été effectué depuis un terminal situé sur la commune de résidence de Charles Pieri.
Pour la procureure de la République Caroline Tharot, Charles Pieri est bien l'auteur de ce post. « Les investigations le désignent comme l'auteur des faits", déclare-t-elle dans ses réquisitions. Selon elle, « il n'y a ni maladresse ni quiproquos. Mais bien des injures, des propos qui portent atteinte à la dignité humaine de toutes les femmes. La liberté d'expression ne peut être invoquée ». Elle requiert 5 mois d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende à l’encontre de Charles Pieri.
Eric Barbolosi, avocat de Charles Pieri, plaide la relaxe. Selon lui, l’accusation ne démontre pas que le prévenu était le seul utilisateur de ce compte Facebook. « On juge selon la loi et pas selon le bon vouloir de la population », plaide l'avocat.
« La plupart des gens vont considérer ces propos comme abjects, moralement répréhensibles, mais il n’en demeure pas moins qu’il n’y a pas d’infraction pénale. Charles Pieri n’est pas poursuivi pour avoir injurié Madame Erignac, il est poursuivi pour avoir injurié les Français et les femmes. Or ça ne rentre pas dans la qualification de l’article 33 alinéa 3 de la loi de 1881 parce qu’il n’a pas injurié tous les Français et il n’a pas injurié toutes les femmes. Il a juste injurié –si injure il y a et si c’est lui, c’est un second débat- les personnes qui ont été injuriées par ce message sont les femmes françaises qui ont eu des relations sexuelles pendant la guerre avec des allemands. Donc elles n’ont pas été injuriées parce que Françaises ou elles n’ont pas été injuriées parce que femmes, elles ont été injuriées en raison d’un comportement qu’elles ont adopté pendant la guerre », a déclaré Me Eric Barbolosi à l'issue du procès.
La décision du tribunal correctionnel de Bastia a été mise en délibéré au 11 septembre.