La tension monte entre les prétendants à la mairie de Bastia : Jean-Sébastien de Casalta et Pierre Savelli se sont ainsi violemment interpellés sur les réseaux sociaux. En cause ? Des procédures de radiation d'électeurs engagées par l'équipe de campagne de l'avocat.
La campagne des élections municipales aura été le théâtre de nombreuses passes d’armes dans plusieurs communes de Corse. Dernière ville en date, et à moins d’une semaine du premier tour : Bastia, où la tête de liste "Spartimu l’avvene" Jean-Sébastien De Casalta s’est vu accusé de vouloir « troubler les opérations électorales » par ses adversaires.
Au centre du conflit, des procédures de radiation de 86 personnes des listes électorales initiées par l’équipe de campagne de ce dernier, et étudiées ce mardi au Palais de justice de Bastia.
Ceux qui étaient la terreur des employés municipaux, qui usaient de méthodes clanistes et clientélistes, qui ont été condamnés pour fraudes électorales sont aujourd’hui cachés derrière leur tête de liste Jean-Sébastien De Casalta
Des convocations qui, selon la liste "Bastia Più Forte Inseme" du maire sortant Pierre Savelli, « font suite à une campagne clandestine d’envois massifs de courriers recommandés, par une société fictive "Bastia Mobile" ». Société qui serait domiciliée dans l’immeuble où réside « un proche collaborateur de Monsieur Tatti », président de la CAB, et troisième sur la liste "Spartimu l’avvene".
Les méthodes du passé!
— Bastia Più Forte Inseme (@BastiaInseme) March 9, 2020
Plusieurs dizaines de bastiais convoqués au palais de justice à l’initiative du candidat @jsdecasalta.
Mubilizemuci!! #BastiaPiùForte pic.twitter.com/504tpmUkrv
« Ceux qui étaient la terreur des employés municipaux, qui usaient de méthodes clanistes et clientélistes, qui ont été condamnés pour fraudes électorales sont aujourd’hui cachés derrière leur tête de liste Jean-Sébastien De Casalta » accuse « Bastia Più Forte Inseme », qui voit en l’avocat à la cour « un candidat alibi ».
Un pourcentage mininime de la masse électorale
Des critiques contre lesquelles le principal intéressé s’est défendu, ce mardi 10 mars. Les accusations de recours abusifs contre des personnes « suspectées d’être irrégulièrement inscrites à Bastia » ?Si le candidat souligne ne pas avoir lui-même déposé ses recours, il « assume » les actions menées par des membres de son équipe pour régulariser les listes électorales.
Plus encore, argue-t-il, il ne s’agit « que » de 80 noms (86 en tout), sur les 22 .000 inscrits à Bastia. Un pourcentage minime (0,36% de la masse électorale), renchérit-il, largement inférieur aux 118 recours présentés par Juliette Ponzevera, candidate « Femu a Corsica » à Saint-Florent, avec seulement 1500 électeurs inscrits (7,8%).
« Il est étonnant » glisse-t-il, que les positions de Bastia Più Forte Inseme puissent « varier d’une commune à l’autre ». « Notons qu’aux dernières élections, l’envoie de la propagande électorale aux électeurs bastiais par la préfecture avait généré un taux de 12% de NPAI (N’habite pas à l’adresse indiquée » conclut-il. « Il est pourtant de la responsabilité du Maire de veiller à la bonne tenue des listes dans le but de réduire le nombre d’électeurs inscrits de manière irrégulière ».
Je suis dans la transparence : lorsque je me trompe, je le reconnais. Je ne peux être comptable que de ce que je fais, et que ce que l’équipe de campagne que j’anime fait
Concernant la polémique autour de l’envoi supposé de lettres recommandées par un membre de cabinet de François Tatti ayant abouti aux procédures de radiation, Jean-Sébastien De Casalta se dit droit dans ses bottes : « Je suis dans la transparence : lorsque je me trompe, je le reconnais. Je ne peux être comptable que de ce que je fais, et que ce que l’équipe de campagne que j’anime fait […] pas de ce que je ne sais pas, et de polémiques dont je ne connais ni les tenants ni les aboutissants. »
La moitié des procédures objets de désistements
Sur les 86 procédures de recours présentées au tribunal de grande instance, seule une petite moitié passera en délibéré dans le courant de l’après-midi. Marie-Michèle Morganti, proche de la liste "Spartimu l’avvene" et demandeuse des recours s’est ainsi désistée sur une quarantaine de dossiers, ce mardi matin, sur les conseils de Jean-Sébastien De Casalta.Parmi ceux-ci, notamment, trois colistiers appartenant à des listes concurrentes : Didier Maurizi, 25e sur la liste de Paul-Félix Benedetti, candidat Core in Fronte à Bastia ; ainsi qu’une colistière de Filippo de Carlo, et un colistier de Eric Simoni.
« Lorsqu’on initie un contentieux électoral, certaines erreurs peuvent être commises et certaines l’ont été, j’en assume pleinement la responsabilité, assure Jean-Sébastien De Casalta. Pour autant, le devoir du juge de l’élection « est de vérifier la régularité des inscriptions. Et lorsqu’elles sont en règle, il ne radie pas. »