La période des soldes d'hiver s'est ouverte ce mercredi 8 janvier. L'occasion pour les commerçants d'écouler leurs stocks et pour les clients de partir à la chasse aux bonnes affaires, bien que le rendez-vous n'attire plus autant de monde que par le passé.
Plutôt cardigan rose pâle ou sweat molletonné rouge vif ? Entre les deux pièces, le cœur d'Inès, 20 ans, balance. Fashionista au budget serré, la jeune femme attendait avec impatience l'ouverture des soldes d'hiver, ce mercredi 8 janvier, pour pouvoir s'offrir un petit cadeau de rentrée. Alors dans cette boutique du boulevard Paoli à Bastia, elle observe avec attention les tenues et accessoires disposés sur les portants.
"Je me suis fixé un total de 200 euros maximum et je fais le tour des magasins, détaille-t-elle. Dans l'idée, je voudrais m'acheter un pull, un jean et une paire de chaussures. Mais je ne suis pas sûre de pouvoir tout prendre dès maintenant."
En cause, soupire Inès : des prix toujours trop élevés pour son porte-monnaie, et ce, malgré les réductions déjà appliquées. Au point de la faire parfois même douter de la véracité des pourcentages de baisse indiqués : "Quand je ne suis pas convaincue de faire une bonne affaire, je fouille derrière sur internet. Neuf fois sur dix, ils y proposent des meilleures offres. Donc j'achète en ligne, en étant sûre de bien aimer, puisque j'ai déjà essayé le vêtement en magasin."
Le commerce en ligne de plus en plus privilégié
Inès n'est pas seule à préférer faire son marché en ligne plutôt qu'en boutique : si près du trois quart des Français déclarent faire des achats aux soldes (72%), 68 % estiment les promotions proposées sur Internet dans l'ensemble plus intéressantes qu'en magasin (selon un sondage Le Sofinscope – Baromètre OpinionWay pour Sofinco, 2022).
C'est le cas de Laurent, la cinquantaine. Chef d'entreprise, il indique ne "presque plus" se rendre dans les magasins. "En ligne, c'est plus rapide, c'est plus simple, on n'a pas des problèmes de tailles manquantes ou de monde à la caisse, et souvent, ça revient à moins cher", synthétise-t-il.
Ce changement d'habitude, cette vendeuse dans un magasin de décoration d'intérieur du centre-ville bastiais l'a bien constaté depuis quelques années. Une nouvelle tendance qu'elle admet parfois regretter. "On perd un peu le contact avec la clientèle. L'intérêt de venir en magasin, c'est aussi de pouvoir recevoir des conseils qu'on ne peut pas avoir quand on prend tout en ligne. Ce que j'ai le plus de mal à comprendre, ce sont les personnes qui commandent un produit sur internet pour venir le chercher en boutique... Alors que souvent, nous l'avions déjà en rayon."
Dans son magasin, les clients se font ce mercredi "un peu plus nombreux" qu'à l'habitude, témoigne cette même vendeuse, sans qu'on puisse parler d'affluence des grands jours pour autant. "On espère que ça va augmenter d'ici la semaine prochaine, d’autant plus que nous avons fait un peu moins bien pour Noël que l'année dernière."
Secrétaire au sein de l'union des commerçants bastiais, et elle-même propriétaire d'une boutique, Valérie Capone le confirme : "En ce qui me concerne, nous avons eu une baisse du chiffre d'affaires en décembre, avec environ -20%. Alors, comme tous les commerçants sur la ville et les alentours, nous cherchons maintenant à écouler nos stocks, sourit-elle. Nous faisons des ventes privées depuis le 2 janvier, les soldes ont commencé aujourd'hui, et nous allons les clôturer sur la place Saint-Nicolas, lors de la braderie au salon des affaires, comme tous les ans."
Les soldes ont-ils encore un sens ?
Reste, pour une partie de la clientèle, une dernière question : les soldes ont-ils encore un intérêt ? Dans la rue, ils sont une majorité à découvrir que ce lundi marque l'ouverture des soldes d'hiver. "Avant, j'y faisais attention, mais ça doit bien faire cinq à dix ans que je ne les fais plus, ou pas volontairement. J'ai l'impression que c'est tout le temps l'heure des promotions", glisse ainsi cet homme. Avant de continuer : "Si tout est toujours en promotion, on peut se dire que rien ne l'est jamais vraiment."
Black Friday, offres privilèges, ventes privées... Des offres toujours plus nombreuses qui peuvent désarçonner la clientèle, noyée dans un flux constant de promotions, admet Valérie Capone. "Les produits n'ont plus trop de valeur, les gens ne comprennent pas trop. Un produit fait 120 euros un jour, le lendemain, c'est la semaine de la jupe, donc il perd 30%, donc ça remonte... Il faudrait vraiment qu'il y ait un encadrement de ces pratiques", estime la professionnelle.
En l'attente, les soldes d'hiver se poursuivent en métropole jusqu'au 4 février inclus. Encore quelques semaines donc, pour les amateurs de traquer les bonnes affaires.