Situé sur la commune de Ventiseri, le cinéma en plein air le Bel Aria se trouve sur un terrain au coeur d'un litige. L'exploitant, qui craint pour la survie de son activité, a organisé un rassemblement ce mercredi à Travu.
"Pour la survie du cinéma". La banderole confectionnée par Jean-Paul Colombani en vue du rassemblement de ce mercredi 5 juillet à Travu en dit long sur l'inquiétude de l'homme qui a fondé le Bel Aria en 1982.
"J'ai créé le cinéma de toutes pièces sur ce terrain", glisse le septuagénaire, retraité de l'enseignement.
41 ans plus tard, la parcelle en question sur laquelle se trouve la structure ouverte chaque été est au coeur d'un litige.
"J'ai appris en fin d'année dernière que le terrain avait été vendu à la mairie de Ventiseri, commune sur laquelle il se trouve, explique Jean-Paul Colombani. Je n'en avais pas été informé."
Légataire universel
Pourtant, ce terrain, l'exploitant du Bel Aria dit l'avoir acquis il y a près de 40 ans.
"Je l'ai acheté en 1984 à Camille Poli, l'ancien maire de Solenzara, explique-t-il. Il m'avait fait un papier sous seing privé, comme on faisait à l'époque, tapé à la machine, où il était indiqué qu'il m'avait vendu le terrain à tel prix pour l'implantation du cinéma. On devait toujours passer chez le notaire pour régulariser mais ça ne s'est jamais fait. Monsieur Poli est tombé malade puis est décédé (en janvier 1996)."
Après le décès de Camille Poli, l'un de ses desendants héritera d'une partie de ses terrains, dont celui du Bel Aria.
"J'avais rencontré cette personne qui s'appelait également Camille Poli pour lui présenter le papier indiquant que j'avais bien acheté la parcelle, précise Jean-Paul Colombani. Ensuite, ce monsieur est décédé."
C'est là que serait apparu un homme désigné par le défunt comme son légataire universel concernant les terrains.
"Un jour, poursuit l'exploitant du cinéma, quelqu'un m'a dit qu'il y avait des marques rouges sur le terrain. J'ai alors appelé la personne légataire qui m'a dit qu'elle l'avait vendu à la mairie et qu'elle avait oublié de me prévenir. La mairie a acheté le terrain sans passer par un notaire ; elle peut le faire : ça s'appelle un acte en "forme administrative". Ensuite, le maire m'a dit qu'il ne pouvait pas revendre le terrain."
Contacté ce mercredi après-midi, François Tiberi, maire de Ventiseri, était injoignable.
"On change de film tous les soirs de l'été ; on amène de la culture dans un désert culturel."
Jean-Paul ColombaniExploitant du Bel Aria
Inquiet pour l'avenir de son cinéma, Jean-Paul Colombani l'est aussi "pour la culture qui est bafouée dans la microrégion". Et d'ajouter : "On change de film tous les soirs de l'été, on amène de la culture dans un désert culturel".
Avec l'organisation de ce rassemblement qu'il qualifie de "convivial", l'exploitant du Bel Aria "veut que les gens sachent que ce terrain a été quelque part usurpé", conclut celui qui espère ouvrir son cinéma le 12 juillet.