Bombardé en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, Agathe Riedinger signe à 40 ans son premier film. Tourné sur la côte d'Azur, il met dans la lumière une jeune actrice non-professionnelle, Malou Khebizi, nommée pour ce rôle aux Révélations des César 2025.
C'est l'histoire de Liane, une jeune fille de 19 ans, qui voit en la télé-réalité la possibilité de s'en sortir. C'est l'histoire d'une jeune fille de Fréjus dans le Var qui rêve de devenir la Kim Kardashian française.
"Celui qui est désiré est le plus fort": la mécanique des réseaux sociaux se révèle aussi émancipatrice que cruelle dans Diamant Brut, en salles ce mercredi 20 novembre.
France 3 Côte d'Azur avait rencontré au dernier Festival de Cannes sa réalisatrice, Agathe Riedinger. Elle nous parle de son film, tourné sur la Côte d'Azur.
Tourné à Fréjus, Cannes et Grasse
En toile de fond, la ville de Fréjus, avec ses paysages et sa mixité sociale. "Je voulais que Liane vive à Fréjus, parce que c'est la première ville RN de France et le tissu social s'en ressent. D'un point vu pratique, Fréjus nous a permis de rayonner dans les villes aux alentours, et donc d'avoir accès à des paysages incroyables que l'on voit trop peu au cinéma" explique Agathe Riedinger à France 3 Côte d'Azur.
Son film était présenté en avant-première le mardi 5 novembre au public de Fréjus :
Dans Diamant brut, sa réalisatrice a fait le choix d'engager des acteurs non-professionnels par cohérence avec le sujet. "Pour raconter l'histoire d'une jeune fille qui rêve d'être connue, pour moi, ça n'avait pas de sens de prendre des gens qui ont déjà embrassé une carrière de cinéma."
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Instagram et lutte des classes
Un tournage mis en valeur sur Instagram... La mécanique de la téléréalité, entre voyeurisme et chacun pour soi, passionne de longue date Agathe Riedinger, qui veut aborder aussi les questions de lutte des classes, de jeu de pouvoir et de séduction entre femmes et hommes.
"C'est un film sur le besoin d'amour", développe-t-elle. "Le personnage de Liane réunit tous les archétypes de la jeune femme sur laquelle on va coller une étiquette de bimbo décérébrée, qu'on va mépriser".
Considérer que la téléréalité, c'est de la télé-poubelle, c'est un concentré de mépris de classe, pour les candidats et pour les spectateurs. Or, si la téléréalité véhicule des valeurs ultra-conservatrices, pour les candidats, c'est une manière de s'en sortir, une alternative au chômage, une manière de gagner de l'argent.
Agathe Riedinger, réalisatrice.
"Pour des gens qui n'ont pas forcément accès aux études, à l'emploi, c'est une solution que la société a fabriquée et dont ils se saisissent".
Un parcours dans lequel Malou Khebizi, qui a grandi dans un milieu modeste en région marseillaise, se reconnaît : son personnage "est proche de toutes les jeunes filles de ma génération", témoigne-t-elle.
"Être désirable, c'est la seule chance qu'on donne aux femmes pour réussir. Elle en fait son arme", ajoute l'actrice qui se souvient d'un tournage "très joyeux", où elle a dû "se détacher de (son) image et de (ses) codes".
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Le film sera en salles ce mercredi, avec à l'affiche Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond notamment.
Un autre film tourné sur la Côte d'Azur est actuellement en salles. Il s'agit de The Substance avec Demi Moore.
(Avec AFP)