Condamné en 1999 à 28 ans de réclusion pour le meurtre d’un policier du Raid, Charles Santoni était incarcéré depuis 24 ans. Il était de ce fait le plus ancien détenu nationaliste corse. Il a été libéré mardi 17 décembre.
Charles Santoni, le plus ancien détenu nationaliste corse, est sorti ce mardi matin libre de la prison de Borgo où il avait été transféré en 2011.
Pas de conditionnelle
Condamné à 28 ans de réclusion criminelle en 1999 pour le meurtre d’un policier du Raid, il a été libéré après presque 24 ans d’incarcération.
Une sortie « sèche », puisque le militant nationaliste n’a fait l’objet d’aucune remise de peine ni n’a bénéficié d’aucune mesure de semi-liberté ou de libération conditionnelle.
« 8645 jours et 8645 nuits » en prison
C’est l’avocat de Charles Santoni, Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci qui a annoncé la nouvelle sur son compte Twitter, précisant que son client avait passé « 8645 jours et 8645 nuits » en prison depuis son arrestation en 1996 et qu’il n’avait bénéficié d’aucune « concession politique de l’Etat ».
Près de 24 ans d’incarcération, Charles Santoni est libéré. Sans un jour de permission, de rps, de bracelet, de semi, ni de conditionnelle. Sans concession politique de l’Etat, sans amnistie. Condamné en 1999 sur un mensonge, et sur un autre en 2018. 8645 jours. 8645 nuits.
— Mercinier&Pantalacci (@Mercinier) December 17, 2019
Joint par téléphone, l’avocat de Charles Santoni précise que ce dernier ne « fait pas de triomphalisme » et qu’il estime que sa « libération n’a rien de notable car elle ne procède pas d’une décision [judiciaire quelconque] ».
Le militant nationaliste juge également qu’il a été « condamné sur un mensonge de l’Etat en 1999 » (Le 16 avri1 1996, en pleine guerre fratricide entre nationalistes, Charles Santoni -alors militant de la Cuncolta- est pris dans une fusillade avec des policiers du Raid venus l'interpeller. Il est blessé, son ami Jean-Luc Orsoni est tué sur le coup. René Canto, un policier, est touché de trois balles et décède de ses blessures. Charles Santoni a toujours expliqué qu'il ignorait avoir affaire à des policiers lorsqu'il a fait feu et pensait au contraire qu'il s'agissait de militants nationalistes venus pour le tuer, Ndlr.).
►Réaction de Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci :
Intervenant : Me Emmanuel Mercinier-Pantalacci, avocat de Charles Santoni.
Equipe - Kael Serreri.
« Retour parmi les siens »
Charles Santoni était inscrit sur la liste des prisonniers dits politiques et a bénéficié à ce titre du soutien de l’association Sulidarità.
Laquelle a publié un communiqué ce matin sur les réseaux sociaux se réjouissant du « retour parmi les siens » du militant nationaliste.
« Carlu s’est toujours tenu debout, il n’a jamais renié son engagement nationaliste. Il a effectué la totalité de sa peine, sans solliciter d’aménagement, sans même demander de permission », précise le texte de l’Associu Sulidarità.
Charles Santoni avait été condamné le 26 novembre 1999 à 28 ans de réclusion pour le meurtre d’un policier du Raid, lors d’une fusillade avec des policiers qui avait fait deux morts et deux blessés, le 16 avril 1996 à Ajaccio.
Il avait été, le 17 mars 2011, le premier détenu corse incarcéré sur le continent à être transféré à la prison de Borgo, à la suite des engagements du ministre de la Justice, Michel Mercier, en faveur du rapprochement des prisonniers insulaires de leurs proches.
Six mois ferme pour menaces de mort en 2017
Charles Santoni aurait dû être libéré en juillet 2019. Mais, condamné à six mois de prison ferme en octobre 2017 par la cour d’appel de Bastia pour des menaces de mort sur une conseillère du service pénitentiaire d'insertion et de probation du centre pénitentiaire de Borgo, il avait vu sa libération retardée.
Jusqu’à cette date, son parcours carcéral n’avait été émaillé d’aucun incident, hormis un refus d'inscription au Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).