La folie du Black Friday, entre belles promotions et fausses bonnes affaires

Le "Black Friday", c'est ce vendredi 24 novembre. Une journée où sont pratiqués des rabais parfois importants dans les petites et grandes enseignes. Importé des Etats-Unis, le concept rencontre depuis dix ans un grand succès en Corse comme dans tout le territoire national, notamment en ce qui concerne les achats en ligne.

Des jouets pour enfant à -15 %, une paire de chaussures, une robe de soirée et une combinaison en jean à - 25%, un coffret vidéo et des pellicules pour polaroïd à - 40%, et même un réfrigérateur à moitié prix...

Julie, la trentaine, fait fièrement défiler sur son téléphone toutes les bonnes affaires qu'elle a pu dénicher, ce vendredi 24 novembre, pour le "Black Friday". "J'avais mis des alertes sur les produits qui m'intéressaient depuis plusieurs semaines, et j'ai mis un réveil spécial dix minutes avant minuit, hier soir, pour être sûre de pouvoir les commander en ligne", admet-elle.

"J'économise toujours une très belle somme par rapport aux prix normaux. Le Black Friday, c'est un peu mon Noël à moi."

L'anecdote peut faire sourire, mais les préparatifs et le sacrifice de son temps de sommeil étaient, selon cette jeune maman, nécessaires : "Ça ne dure que 24h, et le stock des meilleurs produits est limité. Alors ça vaut le coup de mettre toutes les chances de mon côté", sourit-elle. Avant d'ajouter : "Je fais ça depuis trois ou quatre ans et j'économise toujours une très belle somme par rapport aux prix normaux. Le Black Friday, c'est un peu mon Noël à moi."

Directement importé des Etats-Unis, le Black Friday - ou Vendredi noir - serait né au début des années 50. L'expression émanerait de chef d'entreprise, qui désignait ainsi de façon ironique le vendredi suivant directement Thanksgiving, date à laquelle nombre d'employés déposaient un jour de congé ou se faisaient porter malade pour profiter de quatre jours chômés.

Le terme aurait par la suite été repris, raconte le New-York Times, par la police des années 60 de Philadelphie, cette fois pour qualifier cette période marquée par un afflux massif de touristes, lié notamment aux importants rabais proposés par les boutiques locales à quelques semaines de Noël. Les forces de l'ordre devaient alors faire face à des importantes foules et perturbations routières, couplées à une météo souvent capricieuse.

Le "Black Friday" - que des commerçants ont un temps tenté de renommer "Big Friday", sans succès - s'exporte rapidement dans tout le pays, puis sur l'ensemble du continent, et plus récemment dans l'Union européenne. Encore largement méconnu il y a dix ans, le Black Friday y est devenu un rendez-vous commercial incontournable pour les petites et grandes enseignes comme pour les consommateurs.

Un budget moyen de plus de 400 euros

Selon un sondage Opinionway, 27 % des Français ont l'intention de faire des achats pendant le Black Friday cette année, en privilégiant, pour la majorité, des achats exclusivement en ligne. Une occasion pour laquelle ils consacreront un budget moyen de 416 euros. Une somme en hausse de 5% par rapport à novembre 2022 (398 euros en moyenne), et même de 40% par rapport à novembre 2021 (298 euros en moyenne).

Plus encore, en novembre 2023, 27% des acheteurs prévoient d'effectuer des gros achats, et de dépenser 500 euros ou plus pour le Black Friday, soit une augmentation de 4 points par rapport à 2022.

Des chiffres qui peuvent interroger dans un contexte d'inflation, mais qui ne surprennent pas Antoine, 42 ans. "L'idée ce n'est pas tant de dépenser plus, mais d'acheter au bon moment. Comme depuis quelques années je dois faire plus attention à mes économies, parce que mon salaire n'a pas beaucoup bougé mais le coût de la vie oui, j'attends la bonne période de l'année, avec les promotions les plus intéressantes, pour faire mes plus gros achats, et je prends tout de façon groupé. Et c'est vrai que les grandes marques que je fréquente comme Amazon, la Fnac ou But font généralement des jolies offres pour le Black Friday."

Le quadragénaire peut ainsi dépenser jusqu'à "2500, 3000 euros d'un coup... Mais c'est moins que ce que j'aurais dû payer si j'avais fait les mêmes achats par petits bouts au fil des mois."

"Le reste de l'année, je ne me verrai pas en acheter, mais là, selon les promotions, pourquoi pas."

Même stratégie pour Christophe, 34 ans. "Mon ordinateur est un peu vieux et je voulais le changer depuis quelque temps, mais j'ai attendu le Black Friday pour le commander. Résultat, j'ai gagné 300 à 400 euros d'économie dessus, pour le même modèle que si je l'avais pris deux mois plus tôt."

Au-delà de son nouvel ordinateur, ce Bastiais réfléchit également à renouveler, ce vendredi, son arsenal pour le ménage : "Ce qui vaut la peine, je pense, ce sont tous les aspirateurs robots qui coûtent un bras... Le reste de l'année, je ne me verrais pas en acheter, mais là, selon les promotions, pourquoi pas."

Sa compagne Anaïs, 35 ans, a, elle, découvert par "un bel hasard" l'existence du Black Friday l'an passé, alors qu'ils étaient en plein emménagement. "On regardait pour acheter du mobilier, des appareils pour la cuisine, des produits qui coûtent vraiment chers, et je me souviens qu'on avait une grosse commande pour la Redoute et qu'on s'est aperçus le jour même que c'était à - 50%. Forcément, c'est une belle surprise".

Les belles affaires et les arnaques

À ne pas manquer, inespérées, exceptionnelles... Les promotions du Black Friday sont-elles vraiment aussi avantageuses que les publicités sur les sites d’e-commerce et les affiches sur les vitrines de magasins l'affirment ? Cette chasse aux réductions ouvre aussi la porte à des dérives, et au risque, pour les consommateurs, de se faire escroquer.

"L'année dernière, je voulais m'acheter des nouveaux vêtements, raconte Leyla, 21 ans. Et pendant que j'étais en train de "scroller" sur le site d'une marque que je connais bien, et où je commande beaucoup, je me suis rendu compte qu'au moins une partie des promotions étaient complètement mensongères."

Comprenez par là, détaille-t-elle, des robes ou pantalons supposément vendues à - 70% pour l'occasion... Mais dont le prix originel semblait avoir été artificiellement augmenté, tronquant le vrai pourcentage de réduction proposé par la marque.

"Je me suis rendu compte qu'au moins une partie des promotions étaient complètement mensongères."

"Ça m'a complètement dégoûtée, souffle-t-elle. Maintenant, toutes les promotions que je vois passer pour les événements comme ça, surtout quand ce sont des baisses incroyables du type - 60 %, ou même - 90 %, je me dis qu'on nous prend pour des idiots et je préfère garder mon argent."

Outre ces pratiques, pour inciter les consommateurs à l'achat - sans forcément leur laisser le temps de bien pondérer leurs dépenses - certains sites peuvent faire usage de bannières criantes - et souvent mensongères - indiquant une offre "très limitée" ou des stocks très réduits ("Plus que deux produits disponibles !", par exemple) ; d'autres proposer des abonnements aux prix cassés - mais aux conditions de désengagement floues, ou vite oubliées par les consommateurs, qui se retrouvent à payer des mensualités "fantômes"...

Des réglementations instaurées par l'Union européenne

Des problématiques bien intégrées par la douane et par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Dans un guide publié le 17 novembre dernier, la DGCCRF liste 8 conseils "pour profiter du Black Friday et faire ses achats de fin d'année sans se faire arnaquer". A savoir, notamment, s'assurer que les sites sur lesquels sont effectués les achats sont dignes de confiance, que le paiement est sécurisé, ou encore ne pas sous-estimer les "frais de douane".

Parallèlement, l'Union européenne a mis en place des dispositifs visant à mieux informer les consommateurs lors de leurs achats en ligne, et stipule ainsi que ceux-ci doivent disposer d'informations claires sur le service ou le produit qu'ils achètent, sur son prix, les frais de transport et de livraison, et leurs droits en cas de problème. Des règlements de services spécifiques (Digital market acts et digital service acts) ont été instaurés.

Plus encore, depuis mai 2022, la directive Omnibus impose que le prix affiché lors des périodes de rabais, toutes soldes comprises, doit être le prix le plus bas pratiqué depuis les 30 derniers jours. Une nouvelle règle qui s'applique dans toute l'UE, sur les ventes en ligne comme en magasin.

La mesure est censée limiter le nombre de fausses promotions constatées au cours des années passées... mais n'est pour autant pas toujours suivie, relève, l'UFC que choisir, qui note que "dans la pratique, la situation est loin d’être complètement assainie."

D'où l'importance, finalement, en période de Black Friday comme le reste de l'année, d'être toujours vigilant sur les offres... Et d'autant plus celles qui paraissent trop belles pour être vraies.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité