"Le mois de juillet a été catastrophique, il valait mieux rester à la maison !" : quel bilan touristique pour les commerçants de Bastia ?

À Bastia, les vacanciers profitent de leurs derniers jours avant la rentrée. Ils sont nombreux en cette fin du mois d'août à visiter la ville, ce qui permet de contraster avec le mois de juillet, jugé mauvais par les commerçants. Alors que la saison estivale touche à sa fin, nous sommes allés à la rencontre de ces socioprofessionnels.

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Casquette sur la tête, lunettes de soleil, sac au dos, la famille Wagner est prête pour une journée "découverte" à Bastia. Originaires de Lorraine, Richard, sa femme et ses enfants, se sont offerts deux semaines de vacances sur l'île de Beauté. 

Malgré la chaleur et la forte envie de passer toute la journée à l'eau, ils tiennent à découvrir l'histoire de la ville et ont réservé une visite au musée de Bastia. "On a décidé de faire une journée plage, une journée culture", nous explique Richard Wagner. Depuis douze ans, la famille est installée à Munich, les enfants font leur rentrée un peu plus tard que les Français. 

"On a profité de la rentrée tardive pour partir en vacances fin août, à cheval sur septembre pour qu'il y ait moins de monde. Les prix étaient beaucoup moins chers aussi, c'est ce qui nous a poussés à venir deux semaines. C'est notre première fois en Corse, car les années précédentes, nous n'avions pas le budget et on débute notre séjour par une visite au musée, pour s'imprégner de l'histoire de la Corse !", ajoute le père de famille. 

Un mois de juillet difficile

Comme eux, les touristes sont nombreux cette année à pousser les portes du musée de Bastia. Depuis le début du mois d'août, le conservateur compte près de 6200 entrées, c'est une centaine de plus que le mois d'août de l'année dernière. À l’intérieur : des visiteurs français venus de régions différentes, des Italiens, des Allemands, des Hollandais... "Il y a même eu des Argentins et des Mexicains !", s'exclame l'agent du musée. 

Ce qui sauve l'établissement, c'est bien la météo. "Quand il pleut, nous avons beaucoup de monde. On peut faire jusqu'à 500 entrées par jour", indique Sylvain Gregori, conservateur au musée de Bastia. Mais avec les fortes chaleurs de ces derniers jours, les touristes délaissent le centre de la ville pour la côte. "Si on veut avoir la même saison que l'an passé, il faut qu'il pleuve un peu !", sourit le conservateur, qui indique qu'entre le mois de janvier et le mois de mai, les visiteurs ont été au rendez-vous, "ce qui permet de compenser le manque de touristes du mois de juillet". 

10% de passagers en moins

La Corse boudée par les touristes au mois de juillet : de nombreux professionnels en Corse l'ont constaté. En juillet 2024, 645 233 passagers ont transité par les aéroports de Corse, soit 10% de moins qu'en 2023.

"Par rapport à l'été dernier, il y a vraiment beaucoup moins de monde. En juillet, cette année, on note une baisse de 40% sur notre chiffre d'affaires par rapport à la même période l'an passé", s'alarme Michel Rafale, conducteur du petit train de Bastia depuis vingt ans. "Juillet a été un mois catastrophique, il valait mieux rester à la maison !".

Cet été, de nombreuses rotations ont d'ailleurs été annulées, faute de monde, surtout celles du matin. Pour que le petit train démarre, il faut qu'il y ait au moins six adultes, afin que le tour soit rentable. "On ne peut pas partir à vide. Hier matin, on n'a pas fait la rotation de 9h, ni celle de 10h. Parfois, il nous arrive même d'annuler celle de 17h", regrette le conducteur. "Quand on échange avec les touristes, tous se plaignent du prix des transports". 

Les touristes se font moins plaisir

Prix des billets des transports (aériens ou maritimes) chers, météo maussade du début du mois de juillet, contexte politique, Jeux olympiques... Tous ces facteurs ont freiné la venue des touristes partout sur l'île, surtout au début d'été.

"La vie est de plus en plus chère, vu ce qu'on entend dans les médias, il n'y a toujours aucune avancée sur le nouveau gouvernement... Politiquement, personne ne sait où on va dans les prochains mois et ça peut faire peur aux vacanciers", estime André Jean Papi, qui tient depuis deux ans, le café Méditerranée, sur le vieux port de Bastia.

Et quand les touristes traversent la Méditerrannée pour atteindre l'île... Encore faut-il qu'ils aient encore un budget pour consommer. "Je n'ai jamais vu autant de monde en six ans, mais je n'ai jamais vu aussi peu de consommation", regrette Gaetan Tullio, qui tient une épicerie fine et une fromagerie rue Napoléon, dans le centre-ville.

"On fait moins de chiffres qu'habituellement, mais pour moi, il y a du monde à Bastia. Je le vois au niveau des passages dans la rue. Les comportements ont changé, les touristes n'ont plus les mêmes envies", selon Gaetan Tullio.

Un point de vue partagé par un vendeur de souvenirs du centre-ville, qui tient une boutique depuis trente ans. "De l'argent, il y en a, mais les gens sont plus regardants, davantage prudents". Dans son petit commerce, les prix des tee-shirts et casquettes sont relativement bas, aux alentours de 10 euros. Idem pour les torchons avec la Corse brodée dessus. "Les torchons, les planches à découper, tous ces produits ne se vendent plus", regrette le commerçant. 

Aujourd'hui, les clients achètent des objets utiles, pas chers. Ce n'est pas le prix qui bloque, c'est l'utilité. Ils vont davantage se tourner vers des magnets ou porte-clefs, aux prix relativement bas.

commerçant du centre-ville de Bastia

Selon ce vendeur, le problème de cette baisse de fréquentation et de consommation s'explique aussi par les autres pays concurrents. Aujourd'hui, selon lui, certains vont privilégier la Grèce, l'Espagne, l'Italie, le Portugal... Des destinations beaucoup moins chères que la Corse et "tout aussi belles". "L'accueil est peut-être meilleur à l'étranger, il faut aussi s'interroger. Aujourd'hui, on récolte ce que l'on sème". 

Tous les professionnels rencontrés misent sur le mois de septembre et octobre, des périodes aujourd'hui, qui ne sont plus vraiment considérées comme "arrière-saison". L'office de tourisme de Bastia attend d'ailleurs la fin du mois de septembre pour tirer un bilan de la fréquentation de cet été.

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