Lutter contre les incendies grâce à la recherche, c'est l'objectif du projet Goliat, porté par l'université de Corse. Une journée de restitution du travail accompli était organisée mercredi à l'IUT de Corte. Simulateur de comportement des feux de forêt, localisation des points chauds de feu par drone, base de données des anciens feux, les recherches sont nombreuses et les résultats sont au rendez-vous.
Chaque année, ce sont 340 millions d'hectares de forêts qui sont détruits par des incendies dans le monde. Un phénomène qui touche également la France, et notamment la Corse, où des grands feux sont recensés année après année, brûlant annuellement une surface moyenne de 1144 hectares.
Un risque majeur tant pour l'environnement que pour la population. Parmi les outils étudiés pour lutter contre cette problématique se trouve le projet Goliat. Ce travail, qui a pour but la lutte contre les incendies est mené par des chercheurs de l’Université de Corse, en partenariat, notamment, avec l'Université d'Aix-Marseille. Un projet qui a été restitué ce mercredi 15 novembre à l'IUT de Corte, en présence de tous les partenaires.
Améliorer les connaissances, développer des outils, et sensibiliser le public
Aujourd'hui, les acteurs de la lutte incendie et de l'aménagement du territoire s'organisent autour d'une expertise basée sur "des connaissances empiriques des anciens feux sur les mêmes zones et leur expérience personnelle", détaille la fiche de présentation du projet. L'idée, avec le projet Goliat : leur offrir un outil d'aide à la décision, à même de leur apporter des éléments d'analyses complémentaires, en se basant sur des études et des prototypes.
"Ce projet a trois objectifs majeurs, indique Lucile Rossi, co-responsable scientifique du projet Goliat. Améliorer les connaissances phénoménologiques et historiques sur les feux et les pratiques agraires en Corse ; développer des prototypes d'outils pour la lutte incendie et l'aménagement du territoire ; et faire des grosses actions de sensibilisation sur des publics spécifiques."
Le but, poursuit-elle, étant de lutter contre des incendies de plus en plus violents, et "comprendre que la lutte incendie passe par l'aménagement du territoire également, apporter des vues complémentaires, que ce soit des scientifiques ou des opérationnels, et faire des actions de sensibilisation dès le plus jeune âge pour tous types de population."
Un modèle scientifique de propagation des feux de forêts reconnu même à l'international, au sein de l'Université de l'Utah. "L'équipe feu de l'Université de Corse, c'est la plus grande équipe au monde qui travaille sur les feux de forêts, assure Dominique Morvan, professeur des Universités à Aix-Marseille et partenaire du projet Goliat. C'est un projet reconnu depuis très longtemps, initié par le professeur Jacques-Henri Baldi. Et parmi tous les modèles qui étaient éventuellement disponibles à travers ce qui a été fait dans le monde entier, les Etats-Unis ont choisi le modèle de Baldi."
Si l'outil Goliat fait référence, c'est parce qu'il est "conçu sur de la physique, et peut être appliqué dans d'autres cas de figure si on connaît par exemple la configuration du terrain ou le type de végétation, souligne Jean-Louis Rossi, maître de conférences à l'Université de Corse et spécialiste des feux de forêts. Et ensuite, il a été confronté à des expériences qui se rapprochent de la réalité au niveau du terrain. Ce qui en fait un modèle robuste."
Un large panel d'activités
Mises à feu expérimentales, brûlages dirigés, géolocalisation de points chauds de feux par l’intermédiaire de drones... Les activités du projet Goliat sont très larges, et font intervenir de nombreux acteurs, comme le CNRS, le parc naturel régional, l'office national des forêts, ou encore les sapeurs-pompiers insulaires. Un simulateur de feu, avec historique des données méteo et des anciens incendies, a également été conçu.
"On a pris l'exemple du feu de Picovaggia. On s'aperçoit que s'il n'y avait pas eu d'action, il aurait menacé un camping, et que toutes les actions qui ont été menées ont permis de voir qu'on a réussi à mener le feu jusqu'à la mer", détaille Paul Tafani, commandant au sein des sapeurs-pompiers de Porto-Vecchio.
Goliat, c'est aussi quatre ans de travail et plus de 100 personnes engagées pour mener le projet. Et les responsables travaillent déjà sur la suite. "On a le projet Furest'avvene, projet pédagogique mené avec trois collègues de Lille pour l'instant, et qui mélange des enseignements pédagogiques et des pratiques sur des parcelles dédiées ou les élèves mettent en pratique des enseignements théoriques, en histoire, physique, mathématiques et anglais", précise Lucile Rossi.
Le volet universitaire du projet est également en cours de conception. Son grand axe de travail : l’aménagement du territoire pour lutter contre les feux de forêt.