La grève des dockers pour les retraites pèse sur l'activité des transporteurs de Corse. Le syndicat a lancé un ultimatum aux élus. Ils exigent de pouvoir travailler dans de meilleures conditions avant le début de semaine prochaine, sans quoi ils suspendront tout transport de fret vers l'île.
"On perd trop d'argent, ce n'est plus possible. Et aucun de nos élus ne réagit. Alors c'est simple. Soit on trouve une solution d'ici lundi, soit on arrête de travailler", tempête Jean-Marie Maurizi, président du syndicat des transporteurs corses.
La raison de la colère de la profession, c'est la grève des dockers, qui protestent contre la réforme des retraites. Ils sont les seuls à pouvoir réceptionner les remorques de fret sur le quai, et à charger à bord. Depuis des semaines, leur mouvement pèse lourdement sur l'activité des transporteurs, qui ne peuvent plus charger que 30 à 40 remorques, quand ils en chargeaient 120 auparavant. La chute d'activité, sans surprise, est spectaculaire.
"On ne peut plus répondre aux contrats de transport de nos clients, dans ces conditions. Et comment on ferait, de toute façon ? On transporte quoi ? On privilégie les matériaux, les vêtements, les produits alimentaires ? Ce n'est pas un choix qui nous appartient", complète Jacques Bindinelli, le vice-président.
Service minimum
Les transporteurs insulaires se sont réunis en fin d'après-midi, et ont décidé de poser un ultimatum : alors que les dockers ont déjà fait savoir qu'ils poursuivraient leur grève, le syndicat a prévenu : soit ils peuvent travailler "avec un service minimum" d'une moitié de la cargaison habituelle pour chaque trajet, "si on chargeait 120 remorques, qu'on puisse en charger 60, soit plus une remorque de fret ne rentrera en Corse", affirme Jacques Bindinelli. Et, les transporteurs le précisent bien, il faudra que ce ne soit que les remorques inertes, sans tracteur, pour optimiser la place.
On est au bout du rouleau
Jacques Bindinelli
"On laisse jusqu'à lundi aux autorités politiques et aux armateurs pour négocier et permettre une amélioration jusqu'à lundi. Si ça n'aboutit pas, à partir de mardi, plus aucune marchandise ne rentre en Corse. Qu'elle vienne de Marseille, de Toulon, de Nice ou d'Italie".
Difficile d'imaginer au bout de combien de temps une telle décision rejaillirait sur le quotidien des Corses. Une chose est sûre en tout cas. Sur une île, les conséquences ne tarderaient pas à se faire sentir. Mais pour Jacques Bindinelli, il n'y avait guère d'autre solution. "On est au bout du rouleau", conclut-il.