Le conseiller général de Haute-Corse, Jacques Costa, jugé jusqu'à mercredi par le tribunal correctionnel de Marseille pour des abus de biens sociaux au sein de son entreprise de maçonnerie, a reconnu lundi à demi-mots les faits, tout en évoquant un "contexte familial" difficile.
Premier jour d'audience du procès des frères Costa devant le tribunal correctionnel de Marseille. Jacques Costa a comparu ce lundi, il a 65 ans, est maire de Moltifao, berceau de la famille, également vice-président du conseil général de Haute-Corse et président du parc naturel régional de Corse.
"Je ne savais même pas que c'était interdit", a expliqué Jacques Costa à la barre du tribunal, alors qu'il était interrogé sur des abus de biens sociaux commis entre février 2005 et août 2008 au sein de son entreprise familiale Travaux Publics Moltifao (TPM).
Selon les enquêteurs, il aurait détourné des comptes de sa société quelque 200.000 euros via des virements opérés vers ses comptes personnels ou par la falsification de l'ordre des chèques rédigés pour la société. Face à l'étonnement de la présidente Christine Mée, le prévenu l'assure: il est "en dehors du coup".
"Quand on a vos responsabilités [politiques], on est censé incarner la loi", a fait observer le procureur Ludovic Leclerc.
Une vaste enquête sur les activités économiques et les patrimoines de la famille Costa avait été ouverte en avril 2009 et confiée à la juridiction interrégionale spécialisée du tribunal de Marseille. Le frère de Jacques, Maurice Costa, assassiné en août 2012, était présenté comme l'une des figures emblématiques de la Brise de Mer, une bande criminelle insulaire spécialisée dans les braquages de banque.
Le tribunal va également examiner, en son absence, les investissements occultes de Dominique Costa, le troisième frère, dans une supérette bastiaise, dans une brasserie de Corte et ses activités dans la gestion de fait d'un bar de nuit alors qu'il est officiellement à la tête d'un troupeau de 43 vaches. La présidente a bien pris soin de préciser cependant que les faits reprochés à Jacques Costa, constituent "un pan de l'enquête qui n'a rien à voir avec les deux autres volets" concernant Maurice et Dominique Costa. Aucune trace d'un lien économique entre l'élu et ses deux frères n'a été établie.
Gérant de droit, le fils de Jacques, Charles-Jean Costa, 37 ans, a plaidé la même ignorance que son père: "L'Urssaf et les comptes, pour moi, ça n'existait même pas". Tout comme l'épouse de l'élu, Véronique Costa, 46 ans, chef de service hospitalier, qui répond de recel d'abus de biens sociaux. Elle assure n'avoir jamais eu de relations avec ses beaux-frères liés au banditisme corse, tout en reconnaissant que "c'est pesant, humiliant". "Pour ma femme, je regrette, a confessé Jacques Costa. Pour mon fils, je préfère qu'il soit là plutôt qu'au cimetière vu le contexte familial pas évident". J'ai perdu un frère [Maurice,ndlr ] et un neveu", Florian Costa, 30 ans, abattu dans sa voiture