Pour le collectif Maffia nò a Vita iè, la "mafia corse" pourrait sortir "grande gagnante" de la réforme de la police judiciaire

Une réforme de la police judiciaire est prévue en 2023. Un projet largement décrié par le collectif anti-mafia Maffia nò a Vita iè, qui se questionne sur la possibilité que cette réorganisation des services puisse profiter à la "mafia corse".

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Une réforme qui aurait des "effets particulièrement délétères". Pour le collectif Maffia nò a Vita iè, le projet de réorganisation des services de la police judiciaire, prévu pour 2023 et porté par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pourrait, à défaut de renforcer les moyens de lutte contre la criminalité organisée, profiter à la "mafia corse".

Déjà expérimenté dans huit départements, ce projet de réforme entend placer sous l'autorité d'un nouveau responsable unique, le Directeur départemental de la police nationale, dépendant du préfet, les services de renseignement, de sécurité publique, de police aux frontières et de police judiciaire.

Actuellement, chaque service rend des comptes à sa hiérarchie. Les enquêteurs de police judiciaire sont ainsi placés sous l'autorité du Directeur central de la police judiciaire. Par ce projet, le gouvernement prévoit de les intégrer à une filière investigation, aux côtés des enquêteurs de sécurité publique, en charge de la délinquance du quotidien.

L'objectif : désengorger les services d'investigation des commissariats, et simplifier le fonctionnement de la police nationale en "tuyaux d'orgue".

Problème, depuis sa présentation, cette réorganisation programmée des services suscite de nombreuses inquiétudes au sein des sphères judiciaire, policière, et désormais plusieurs associations civiles, dont Maffia nò a Vita iè.

"Les enquêtes contre les bandes mafieuses [...] en pâtiront nécessairement"

Pour le collectif, qui communique sur le sujet ce 24 octobre, cette réforme pourrait être "de nature à remettre en cause l’indépendance de la justice, le préfet pouvant être tenté, si une affaire dérange le pouvoir politique, de ne pas lui affecter les effectifs de police judiciaire et les moyens nécessaires".

Le gouvernement fait le choix, à des fins d’affichage politique, de privilégier la lutte contre la délinquance du quotidien, [...] en dépouillant de leurs moyens les services compétents, entre autre, en matière de criminalité organisée

Mais surtout, parce que "dictée par des considérations d'économie budgétaire", les membres de Maffia nò a Vita iè en sont convaincus : elle "aura pour effet inévitable de détourner la police judiciaire de sa vocation première, la lutte contre les crimes et les délits complexes, au profit d’une politique du chiffre qui conduira à affecter une partie des enquêteurs de la PJ au traitement de la petite et moyenne délinquance, en appui des services de sécurité publique, aujourd’hui totalement débordés."

De fait, poursuit le communiqué, "le gouvernement fait le choix, à des fins d’affichage politique, de privilégier la lutte contre la délinquance du quotidien, parce qu’elle est plus visible et préoccupe davantage l’opinion, en dépouillant de leurs moyens les services compétents, entre autre, en matière de criminalité organisée."

Résultat, considère Maffia nò a Vita iè : les enquêtes "contre les bandes mafieuses, qui s’inscrivent dans le temps long et nécessitent de mobiliser des ressources très importantes, en pâtiront nécessairement".

Un point qui fait craindre aux membres du collectif que la "mafia corse" puisse voir son "impunité" renforcée, et ainsi ressortir "grande gagnante" de la réforme de la police judiciaire.

Un projet "à l'encontre des promesses du ministre de l'Intérieur"

"Surtout, [ce projet] va directement à l’encontre des promesses du ministre de l’intérieur Darmanin qui, lors de son déplacement en Corse en juillet dernier, annonçait un renforcement « très important » des moyens de l’État en Corse contre le crime organisé et « le trafic de drogue, extrêmement présent dans l’île »", souligne le communiqué.

Maffia nò a Vita iè appelle en conclusion le "gouvernement à prendre enfin la mesure d’une situation dramatique qui ne fait que s’aggraver chaque jour en Corse."

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