Dans le cadre des Journées nationales des prisons, dont le thème est cette année "Prison : peine de corps", une cellule de prison était présentée à la salle polyvalente de Lupino, à Bastia. Dans 9 m2 partagés, les conséquences de la détention pour le corps humain sont multiples.
Une boîte de 9 m2 au sol pour reconstituer une cellule de prison. En y entrant, la sensation d'oppression est immédiate. "Là l'espace vital n'est pas assuré, surtout pour deux personnes dans une même pièce", commente un jeune visiteur.
Deux détenus et parfois trois se partagent ces 9 m2. Un confinement qui a des conséquences sur le corps des détenus : manque d'activité, troubles du rythme chronobiologique et des cinq sens, comme par exemple la réduction du champ de vision.
Une fois sortis, les prisonniers doivent se réadapter, c'est le cas de ceux qui intègrent la prison ouverte de Casabianda.
"Dans une détention comme Casabianda, la perspective visuelle est plus large, donc du coup ça peut créer des étourdissements, des sortes de vertiges par rapport à un champ visuel plus large", explique Sébastien Ferro, conseiller pénitentiaire d'insertion et probation à Casabianda.
Environ 2/3 de la population carcérale souffriraient également d'addictions, principalement au tabac et à l'alcool. La drogue est également une problématique majeure. Le manque de suivi médical, la précarité et l'isolement ne favorisent pas le sevrage.
Parfois la prison peut avoir un impact positif sur le corps des détenus. Nombreux sont ceux qui pratiquent une activité sportive pour s'occuper. Mais pour certains, cela va bien plus loin. Car en détention, ceux qui n'ont aucune ressource reçoivent quand même le nécessaire, comme des trousses d'hygiène.
"Sur le domaine de l'hygiène, ça peut avoir un effet bénéfique, la vie en cellule à plusieurs ou même seul, ces kits permettent d'apprendre à prendre soin de son corps, à prendre soin de son lieu de vie", détaille Laura Lalardie, psychologue au Service pénitentiaire d'insertion et probation de Corse.
En dehors des murs, la peine de corps vaut aussi pour les proches des personnes incarcérées, à commencer par les enfants.
"Pour l'enfant qui a d'abord le poids social à l'école, on lui dit: "Ton père, ta mère est en prison"; et en plus il n'a pas la possibilité d'avoir ce contact essentiel pour lui, cela reste malgré tout une déchirure dans leur vie et cela peut être porteur de violences ultérieures", explique Alain Sorba, aumônier de prison
Le mal être et l'isolement. Des situations plus difficiles encore à vivre entre quatre murs. En prison, le taux de suicide est sept fois supérieur à la moyenne nationale.
En 2017, 117 suicides ont été recensés. 250 personnes meurent chaque année dans les prisons françaises. Il n'existe pas de statistiques officielles à ce sujet.