Depuis environ un mois, la famille Paolacci, originaire de Prunelli di Fium'Orbu, se dit victime de tentatives d'extorsion. Soutenue par le collectif "A Maffia nò, a vita iè", elle dénonce ces faits publiquement. Le parquet de Bastia a ouvert une enquête.
C'est une démarche rare. Ce jeudi 9 juin, la famille Paolacci a pris la parole dans Corse-Matin pour dénoncer une tentative d'extorsion dont elle se dit victime depuis environ un mois. À la tête de deux entreprises, la famille est connue dans la région de Prunelli di Fium'Orbu.
Contacté par France 3 Corse Via Stella, Christophe Paolacci raconte les faits. "Nous avons reçu plusieurs pressions téléphoniques qui s'adressaient à mon père qui est à la retraite. La personne nous demandait une grosse somme d'argent, une somme que l'on ne peut pas honorer. Et puis il y a eu un appel plus déterminant, où elle exigeait l'argent sous peine de s'en prendre à mon frère ou moi."
Pour se protéger, la famille pense à rendre les faits publics. Mais avant, elle demande conseil au collectif anti-mafia "A maffia no, a vita iè" qui lui apporte immédiatement son soutien. "On n'a pas trop le choix et on n'a aucune solution, continue Christophe Paolacci. On a été obligé de réagir, car on ne voulait pas s'isoler. Comme on ne savait pas par où commencer et qu’on n'a pas de protection, on a contacté Leo Battesti [un des co-fondateurs du collectif ndlr.] On ne connaît pas le système et on ne sait pas comment ça va se passer. On travaille en famille, on s'est fait seuls et on est tout le temps dehors donc les gens peuvent nous trouver facilement".
"On sait comment ça se passe chez nous"
Une démarche qui, selon Leo Battesti, "est la meilleure manière de répondre aux pressions." Fondé en septembre 2019, "A maffia no, a vita iè" invite la population à une prise de conscience "des menaces qui compromettent gravement les intérêts collectifs de notre société". "Nous sommes aussi là pour la défense des victimes. La famille Paolacci a voulu prendre la parole, c'est une démarche personnelle et nous la soutenons. Nous sommes face à des manœuvres d'apprentis mafieux", explique Léo Battesti.
D'après ses estimations, plusieurs dizaines de familles ont pris contact avec l'organisme depuis sa création. "Il y a énormément de gens qui souffrent de racket parce qu'il y a un sentiment d'impunité. La société corse est sous la coupe mafieuse et on ne peut pas continuer comme ça", reprend-il.
Pour l'heure, la famille Paolacci n'a pas porté plainte. "On veut se laisser le temps. On sait où on vit et comment ça se passe chez nous. Nous ne faisons pas ça pour le buzz, et on se demande encore si on a fait le bon choix. On verra", souffle Christophe Paolacci.
Le parquet de Bastia a indiqué avoir ouvert une enquête visant des faits d’extorsion. Pour l’heure, le procureur n’a pas souhaité communiquer davantage sur le dossier.