Reprise du procès de huit nationalistes corses aux assises

Huit nationalistes corses sont jugés à Paris aux assises depuis le 11 juin pour des attentats commis en 2012. Mais la page de la violence étant "tournée", la défense et les leaders politiques de l'île eux-mêmes veulent faire de ce procès une nouvelle étape dans "l'apaisement".

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Les dirigeants nationalistes de l'île, Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, ont été cités comme témoins par les avocats de Pierre Paoli, accusé d'avoir été le chef du groupe clandestin FLNC (Front de libération nationale corse).

Alors que leur camp a triomphé aux élections territoriales en décembre, ils réclament l'amnistie des prisonniers corses qu'ils disent "politiques" - une option rejetée par Emmanuel Macron lors de sa visite tendue en Corse en février.

Ce procès est "un archaïsme", "un anachronisme", a déclaré mercredi à la cour d'assises Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse.

"Nous sommes aux antipodes" de la situation de 2012, a affirmé le chef de file du parti indépendantiste Corsica Libera. "La page est tournée", ont martelé les accusés depuis le début du procès.


Les accusés sont jugés pour des faits remontant à mai et décembre 2012: plusieurs dizaines d'attentats visaient alors des résidences secondaires aux quatre coins de l'île, sans faire de victime. Des attaques revendiquées par le FLNC, au nom de son "combat contre la spéculation immobilière". En 2014, ce groupe déposait les armes et sortait de la clandestinité.

"S'il faut faire table rase d'un certain passé, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout du raisonnement" et reconnaître les faits?, a demandé l'avocate générale, Maryvonne Caillibotte.

Car s'ils revendiquent leur soutien à la cause nationaliste, les accusés, qui ont fait jusqu'à 3 ans de détention provisoire, nient avoir participé aux attentats et avoir fait partie du FLNC. Mais ils ne condamnent pas le groupe clandestin.


Selon le magistrat Denis Salas, "pour vraiment tourner la page, il faut que la vérité soit faite, or elle n'est pas vraiment au rendez-vous".

De même, "les accusés n'ont pas déposé leur idéologie: ils ne condamnent pas le FLNC et se qualifient toujours de prisonniers politiques. Et si la page était réellement tournée, les victimes seraient présentes au procès, or leur absence dit peut-être qu'elles sont toujours terrorisées".

L'avocate générale doit présenter ses réquisitions jeudi prochain, la veille du verdict.

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