Quatre personnes ont été mises en examen en Corse, pour un trafic de pièces d’or. Elles sont soupçonnées d’avoir voulu revendre en Asie une partie du fameux trésor de Lava.
Dimanche 5 mars, au matin, les gendarmes interpellent Simon Giuntini et Pierre-François Sabiani sur le port de Bastia, en partance pour Savone, en Italie ; destination finale, Hong-Kong, via Milan. Dans leurs bagages, 16 pièces d’or sont saisies, d’une valeur estimée entre 60 000 et 700 000 euros l’unité !
L’histoire commence il y a un an. La section de recherche de la gendarmerie se met alors sur la piste d’un trafic présumé de pièces d'or. Au fil de filatures et de mises sur écoute, les enquêteurs remontent une piste qui les conduit de la Corse à l’Asie.
Le stratagème des trafiquants présumés était plutôt simple. Les pièces étaient glissées dans de faux tampons en bois, dissimulées dans le relief de l'encreur.
Le trésor de Lava
Ce trésor vient probablement d’un bateau romain échoué, dans le Golfe de Lava, au IIIe siècle avant JC, sous l'empereur Gallien, durant la décadence de l'empire romain. Il est composé de monnaies, médaillons, bijoux, pièces d'ornement et de vaisselle en or. Un trésor estimé à plusieurs dizaines de millions d'euros.Des premières pièces avaient été découvertes en 1956. Les 16 pièces pourraient faire partie de pillages faits dans les années 1980, explique Nicolas Bessone, procureur de la République de Bastia : "Elles ont une valeur inestimable. Elles relèvent très probablement de ce trésor là puisque l’on voit qu’un troisième protagoniste de cette affaire, M. Birgi, est également mis en examen à Ajaccio pour avoir trempé un petit peu dans la soustraction de ce trésor".
Impossible à écouler en Europe, en raison des lois de protection du patrimoine, les traficants présumés visaient le marché asiatique. Selon ce procureur, "il apparaissait à la fois des écoutes, de l’enquête et de la connaissance des gendarmes qu’elles ne sont plus négociables sur le territoire européen. On pourrait remonter très facilement à eux, il n’y a plus que le marché d’Extrême-Orient où il a des personnes très riches et qui souhaitent acquérir ces biens d’une valeur inestimable et où elles peuvent encore être négociées".
Deux d’entre eux sont aussi soupçonnés de trafic d’armes. Le schéma est cette fois-ci plus classique : ils auraient acheté des armes démilitarisées pour les reconditionner ensuite, en se procurant les pièces manquantes dans toute l’Europe.
Pierre-François Sabiani, Simon Giuntini, Olivier Birgi et Marie-Emmanuelle Rossi ont été mis en examen et écroués à Borgo pour association de malfaiteurs, contrebande en bande organisée, aliénation de biens culturels et détention d'armes en bande organisée. Les deux premiers sont aussi accusés d’infractions à la législation sur les armes, ce qu’ils nient.
Ils encourent jusqu’à 10 ans de prison.