À l'occasion de la 23e nuit internationale des chauves-souris, une chiroptérologue, spécialiste de l'espèce, s'est attachée à défaire les préjugés persistants autour de cet animal. Et ils sont nombreux.
Il est tard, aux alentours de minuit. Le ciel est sombre, l'atmosphère pesante. Une jeune fille, seule, se balade dans les bois. Soudain, une chauve-souris surgit d'un arbre et vient s'agripper à ses cheveux, mutilant son crâne de ses griffes acérées.
La pauvre promeneuse pousse des cris terrifiés, et sanglote de douleur, à la merci de la bête sanguinaire.
Cette histoire vous a fait frissonner ? Bonne nouvelle, les chances qu'un tel scénario vous arrive un jour sont proches de zéro.
Mammifère volant
Membre de la famille des mammifères placentaires, les chauves-souris pratiquent le vol battu grâce à leurs ailes, qui sont en réalité une sorte de main à 5 doigts modifiée, sur laquelle s'étend une membrane, jusqu'au niveau de la queue.
Pour s'orienter la nuit, dans la pénombre, cet animal nocturne fait usage de l'écholocation. Cette capacité, également utilisée par les cétacés et artificiellement reproduite par le sonar, consiste à envoyer des sons depuis sa position.
L'animal enregistre ensuite leur écho pour localiser l'endroit où il se trouve, et l'environnement qui le compose.
Elles peuvent également engloutir jusqu'à 1 000 moustiques par nuit, pour la grande joie des campeurs et autres dormeurs à la belle étoile en été.
Mauvaise réputation
Aussi passionnantes ces informations sur l'espèce sont-elles, dans l'imaginaire commun, les chauves-souris ont une tout autre description.
Vampires camouflés ou signe de mauvais présage, la tendance est claire : les chauves-souris ont mauvaise réputation.
On racontait ça aux jeunes filles au Moyen-âge pour qu'elles ne sortent pas la nuit
Des préjugés souvent infondés et injustement attribués à l'animal que les chiroptérologues, spécialistes de l'espèce, s'attachent à déconstruire. Et ils sont nombreux.
La crainte de la chauve-souris coincée dans les cheveux longs, par exemple ? Une légende, affirme Kate Derrick, chiroptérologue. "On racontait ça aux jeunes filles au Moyen-âge pour qu'elles ne sortent pas la nuit".
Découverte
Pour faire découvrir ou redécouvrir l'espèce au grand public et enfin réhabiliter son image, injustement souillée, se tenait dimanche 25 août à Venaco (Haute-Corse) la 23e nuit internationale de la chauve-souris. Une cinquantaine de personnes a répondu présent.
Guidés par Kate Derrick, ils se sont promenés dans les rues du village à la nuit tombée. Avec son spectograme, la chiroptérologue leur a montré comment reperer et étudier les chauves-souris sans besoin de les déranger. Et la visite a enthousiasmé les participants, des plus petits aux plus grands.
"C'est assez impressionnant de voir ce qui peut se passer la nuit, sur nos têtes", confie cette femme.
Ce jeune garçon, lui, a bien écouté les explications de la guide. Et les connaît désormais à la perfection : "J'ai appris qu'il y a beaucoup plus d'espèce que je ne le pensais. Il y en même une qui est endémique [ndlr : propre à un territoire délimité] à la Corse !"
Quant à cette petite fille, elle sait désormais que si elle aperçoit un jour une chauve-souris, il ne surtout pas tenter de la capturer : "elle est très fragile, donc on peut la tuer quand on la prend dans la main".
La Corse compte 22 espèces de chauves-souris, et presque toutes sont menacées. En cas de découverte d'une colonie chez soi, l'association Chiroptères de Corse met à disposition une ligne directe pour aider les particuliers à les protéger.