Les professionnels de Santé espéraient une annonce du président lors de sa visite sur l’île. Dans son discours à l’Assemblée de Corse, Emmanuel Macron a confirmé les 171 millions engagés pour l’hôpital d’Ajaccio, et conforté le maintien de la maternité de Porto Vecchio. Pour le centre hospitalier de Bastia, le président a simplement évoqué les besoins des habitants.
"Je veux que Bastia dispose dans les prochaines années d'un centre hospitalier à la hauteur des besoins des habitants."
L'annonce a été faite par le président de la République, dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse, jeudi 28 septembre.
S’agit-il d’un nouvel hôpital ou de moderniser les infrastructures existantes ?
Et avec quels moyens ?
"Nous avons des difficultés à accueillir l'ensemble des patients"
Christophe Arnould, directeur de l'hôpital de Bastia
Pour le directeur de l’hôpital de Bastia, si le centre hospitalier est à la pointe au niveau des équipements, la Haute-Corse manque de lits et doit moderniser ses infrastructures et son organisation.
“L'hôpital est vraiment plein et nous avons des difficultés à accueillir l'ensemble des patients qui se présentent à mon établissement, explique Christophe Arnould. Donc on a besoin à la fois d'un projet capacitaire mais également un projet organisationnel qui nous permette d'avoir de meilleures logiques dans la gestion de nos parcours de soins.”
La Corse seule région sans CHU
Mais surtout, plus d’égalité d’accès aux soins.
La Corse est la seule région de France sans CHU. Dans une tribune signée par 32 professeurs de médecine, le professeur Laurent Papazian réclame la création d’un véritable projet de Centre Hospitalier Universitaire.
Car il n’y a pas suffisamment de praticiens spécialistes sur place. Pour renforcer les équipes, comme lui, ils sont détachés ou mis à disposition par les CHU du continent. Un CHU Corse permettrait de former et maintenir les médecins sur place, comme l'indique le professeur Papazian.
"C'est un projet de CHU complet avec toutes les missions de soins, d'enseignement et de recherche avec comme objectif surtout de former des médecins, des médecins généralistes, des médecins d'autres spécialités que la médecine générale et qui ensuite exercent soit dans nos établissements hospitaliers publics et privés, soit en libéral. Mais s'ils font leur cursus en majeure partie en Corse, il y a beaucoup plus de chance qu'après ils restent s'installer en Corse et donc que la population en bénéficie."
"Ce n’est pas possible de tout le temps amener les gens sur le continent"
Thomas Victorion, interne en première année de médecine
Près de 30 000 patients doivent se rendre chaque année sur le continent pour se faire soigner. De jeunes internes, en formation à Bastia, soutiennent le projet.
"Il faut que l'hôpital de Bastia devienne vraiment un CHU, plus gros, appuie Thomas Victorion, interne en première année de médecine. Ce n’est pas possible de tout le temps amener les gens sur le continent, de toujours perdre du temps sur les prises en charge, que ce soit sur des grosses réanimations, des AVC, des infarctus, toutes les urgences... Et ensuite sur des choses plus spécialisées, comme en pédiatrie, on est constamment obligés d'amener à Marseille ou à Nice, ce n'est pas possible."
CHU ou nouvel hôpital ?
Pour le député Michel Castellani, qui milite pour un projet de CHU à Bastia, il n’est pas antinomique avec un nouvel hôpital.
"Les deux sujets ne sont pas opposables, affirme le parlementaire. Un CHU, c'est quand vous faites venir des professeurs, des étudiants qui se forment à la médecine, à leur futur métier. Un nouvel hôpital, c'est un instrument. C'est comme si vous montez une équipe de football de haut niveau et que vous faites un stade à côté, les deux vont ensemble. Ici, on est exactement dans cette logique-là. L'un n'est pas opposable à l'autre, au contraire."
CHU ou nouvel hôpital, les professionnels de santé comme les élus, tous les acteurs attendent des précisions.
Retrouvez le reportage de Sybille Broomberg et Daniel Bansard :