Le 3 mai 1989, les Corses obtiennent la prime d’insularité après des mois de conflit. Un conflit avec Paris marqué par un blocage des ports et des aéroports et une forte mobilisation qui a conduit jusqu’à plus de 10 000 personnes dans la rue.
Au printemps 1989, la tension est déjà très forte depuis plusieurs mois. Après un long conflit chez les postiers et dans les organismes sociaux, c'est bientôt toute la fonction publique qui s'embrase.
Réclamée depuis plusieurs années, la prime d'insularité devient une nécessité impérieuse. La vie est plus chère en Corse, 15 % de plus que sur le continent et c'est l'Insee [institut national de la statistique et des études économiques] qui le dit.
Emmenée par la CGT et Force ouvrière, sans le STC qui réclame une solution globale aux côtés des socio-professionnels, l'intersyndicale ne lâchera pas.
Mais Paris reste sourd aux revendications. Occupé exclusivement par la question nationaliste, en haut lieu, on espère un pourrissement du conflit et puis, si on donne aux Corses, d'autres régions vont suivre.
10 000 personnes dans les rues
Les négociations échouent, et à la fin du mois de mars, la situation dégénère. Les ports et aéroports de l'île sont bloqués. Avec le blocus, il n'y a plus rien dans les magasins. Plus de 10 000 personnes déferlent dans les rues, du jamais-vu depuis la libération. Le STC rejoint le mouvement.
Pierre Joxe, en charge du dossier corse, est mis à l'écart. Michel Rocard, Premier ministre prend la main, il nomme un médiateur : Michel Prada. Après quelques tables rondes, l'attribution d'une indemnité de transport est accordée.
Chaque fonctionnaire percevra une prime de 2 400 francs par an, bien au-dessous de ce que les syndicats demandaient. Il faudra attendre le conflit de 1995 pour une revalorisation de la prime.
30 ans plus tard, la question du coût de la vie est tout aussi aigüe, voire plus.
►Entretien avec Jean-Claude Graziani, responsable de la CGT en 1989 :