#InCasa : Que lire, que regarder pendant le confinement ? Les conseils de nos invités très spéciaux (Episode 15)

Chaque jour, des auteurs, corses, continentaux ou internationaux et des acteurs culturels concoctent un conseil pour nos internautes. Aujourd'hui, Jérémy Fel, auteur du traumatisant Helena, se prête au jeu, et vous n'aurez que l'embarras du choix !

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Les conseils de Jérémy Fel :

- Je vais d'abord chaudement conseiller le roman que je viens de finir : La mort selon Turner de Tim Willocks, chez Sonatine
Cru, violent, désespéré, Willocks, plus en forme que jamais, y narre le terrible duel qui s'instaure entre un flic voulant venger la mort d'une jeune fille noire dont le sort n'intéresse personne à part lui, et une femme à la fortune colossale qui prête à tout pour protéger son fils, au cœur des plaines arides du centre de l'Afrique du Sud.

Ames sensibles s'abstenir

Même s'il y règne une chaleur infernale, ce roman, qui ne laisse aucun répit à son lecteur, est particulièrement glaçant.
Et puis vous y apprendrez, un peu ébahis, comment trouver de l'eau en plein désert, à condition d'avoir un cadavre sous le bras...
Ames sensibles s'abstenir.

 
 
Dans un tout autre style, je ne peux que vous enjoindre à vous plonger dans Le Livre des Martyrs, de Steven Erikson, énorme saga de fantasy composée de dix romans de 900 pages en moyenne (oui, oui) et en cours de traduction aux éditions Leha.
Ce cycle, écrit en à peine dix ans, est d'une ambition démesurée, où la force de l'imaginaire de son auteur ne prend jamais le pas sur la qualité de son écriture.

Une mythologie aussi fascinante que celle d'un Tolkien

Pour ma part, grand lecteur de littératures de genres, j'attendais cette traduction depuis longtemps et autant vous dire que le résultat est à la hauteur de mes espérances. Le tout début peut sembler aride, Erikson faisant le choix de nous jeter à corps perdu dans la bataille sans nous donner de clefs, mais la lecture se fait de plus en plus fiévreuse, on se glisse sans plus vouloir en ressortir dans un monde qui paraît sans limites et à la mythologie aussi fascinante que celle d'un Tolkien.

Grandiose !

 


- En ce temps où on peut désespérer de plus en plus de la nature humaine, il peut être judicieux de lire, ou de relire un grand classique comme Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar, afin de prendre un peu de hauteur et de tutoyer les cimes avec ce que l'esprit humain peut produire de plus beau.

C'est pour moi le candidat idéal pour le livre à emporter sur une île déserte, à la fois poème, roman historique, livre philosophique et humaniste et formidable roman d'amour (à ce titre, les pages que consacre Hadrien à Antinoüs sont parmi les plus belles que j'ai lues dans ma vie de lecteur).

les pages que consacre Hadrien à Antinoüs sont parmi les plus belles que j'ai lues dans ma vie de lecteur

Cette œuvre est d'une perfection insolente, maîtrisée (sculptée?) à l'extrême (Marguerite Yourcenar l'aurait d'abord écrite en français, puis traduite en latin, puis retraduite en français pour garder l'empreinte du latin dans sa phrase, c'est dire).

Le genre de roman qui ne se livre pas à la première lecture et qui dévoile quelques beautés supplémentaires à chaque lecture suivante.


 



- Et je finis par un roman trop peu connu en France et que j'aime souvent conseiller, un pur joyau, que vous pouvez sûrement trouver en téléchargement sur des sites de libraires en attendant de l'acheter en papier chez Phébus.
Deux garçons, la mer de Jamie O'Neill, qui suit le destin de plusieurs personnages hauts en couleur et emportés par le souffle tragique de l’histoire, dans le Dublin du début du siècle.

Emportés par le souffle tragique de l’histoire, dans le Dublin du début du siècle

Formellement très influencé par le Joyce d’Ulysse, l’auteur construit cette symphonie textuelle autour de l’histoire d’amour naissante entre deux jeunes garçons, qui au début du livre se jureront de traverser à la nage la baie de Dublin exactement un an plus tard, afin de planter le drapeau irlandais sur un îlot rocheux, sans savoir que ce jour sera aussi celui d’une des plus sanglantes insurrections que connaitra leur ville.

Poétique, lyrique et d’une tristesse sans fond.

 


- Mais il n'y pas que la littérature dans la vie, alors en guise de divertissement survitaminé, puisque nous avons presque tous accès à Netflix (on va pas se mentir), allez donc jeter un œil à Au royaume des fauves (The Tiger King), documentaire hallucinant divisé en sept parties, qui vous plonge dans ce que l'Amérique profonde peut produire de pire (et moi qui pensais, à ce niveau, avoir tout vu...).

Un documentaire hallucinant

On hésite tout le temps entre rire et frémir dans ce docudrama mettant en scène le combat acharné entre deux propriétaires de fauves, tout droit sortis d'un affreux soap.
Tentative de meurtre, corruption, machination, secte...

 
Rien ne nous sera épargné (pour notre grand plaisir).
Et on finira le dernier épisode avec un constat amer : dans cette fosse aux tigres, il n'y vraiment personne, mais alors personne, pour racheter l'autre.


Jérémy
 


Jérémy Fel, la bio :
En 2015, Jérémy Fel faisait son entrée dans le monde des Lettres avec un roman au titre programmatique, Les loups à leur porte, publié chez Rivages.
Dans ce récit terrifiant, le jeune auteur se plaisait à jouer avec son lecteur, chaque chapitre le transportant dans des univers de prime abord très différents. Un puzzle romanesque qui jonglait avec les genres littéraires - thriller, roman noir, conte – et dans lequel Jérémy Fel faisait appel à nos angoisses les plus enfouies, les plus intimes, à nos terreurs d’enfants. Sans esbroufe et avec une maestria rare pour un premier roman.
Les Loups à leur porte est un récit sur le Mal : ces loups, allégories de la monstruosité, sont là, rôdant dans l’ombre, jusqu’à parfois s’immiscer en nous.
Avec son deuxième roman, Helena, vaste fresque familiale, Jérémy Fel continue de sonder la psyché pour mieux explorer les mécanismes de la violence.
Dans ce thriller psychologique, Fel confirme ses talents de conteur et nous rappelle que nous ne sommes jamais à l’abri de « rencontrer un diable à la croisée des chemins ».


 

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