La piste "réchauffée" du témoin gênant

Emmanuel Multedo a-t-il été témoin d'un trafic de stupéfiants ? C'est la thèse soutenue par la famille de l'instituteur.

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Affaire Multedo, la piste du témoin gênant

Emmanuel Multedo a-t-il été témoin d'un trafic de stupéfiants ? C'est la thèse soutenue par la famille de l'instituteur. Quatre ans après les faits, les investigations se poursuivent sur la mort inexpliquée de cet instituteur de 40 ans, abattu le 8 septembre 2008 à Bastia.

Quatre ans après les faits, les enquêteurs du groupe criminel de l'antenne bastiaise de la direction régionale de la police judiciaire poursuivent leurs investigations sur la mort de cet instituteur de 40 ans, abattu le 8 septembre 2008 à Bastia. 

Inconnu des services de police, le décès de ce père de famille avait suscité l'émoi à Bastia.

Emmanuel Multedo avait été tué d'une seule balle de gros calibre dans la tête, alors qu’il venait de garer sa voiture dans le centre de Bastia, et s'apprêtait à effectuer la rentrée dans l'école Gaudin où il enseignait à quelques dizaines de mètres. L’instituteur offrait un profil sans faille apparente, interdisant le choix d’une piste plutôt qu’une autre. L'antenne bastiaise de la DRPJ se retrouvait en charge d'un dossier difficile.
 

Ce travail de longue haleine va néanmoins aboutir à plusieurs interpellations, donc celle début juillet 2010, de Marc Casanova, connu pour des violences avec arme. Mise en examen pour "homicide volontaire", l'homme, qui a toujours nié les faits, purge une peine de quatre ans à la maison d’arrêt de Borgo, dans le cadre d’une autre affaire de violence. Habitant du quartier, c’est aussi le frère de l’un riverain des lieux où s'est joué le drame. Mais dans son casier, aucune trace de stupéfiants. Son avocat, Me Stéphane Marfisi se dit "très serein" quand à l’implication de son client, qui n'a pas vu "le juge d'instruction depuis plus d'un an". 

Les hommes de la DRPJ bastiaise reviennent sur une piste soulevée aux premières heures de l’enquête. La famille d’Emmanuel Multedo avait alerté les enquêteurs sur une histoire de trafic observé par l’enseignant. Emmanuel Multedo aurait été témoin le 5 septembre 2008, d’une scène impliquant certains de ces anciens élèves, âgés d’une douzaine d’années, en prise avec un dealer dans l'environnement immédiat de son école. L’instituteur s’en serait alors mêlé. On en sera pas plus. Faute de mieux et à la demande pressente de la famille, les enquêteurs ressortent cette piste et reviennent sur tous les détails troublants, qui ont précédé le drame.

D’abord, les pneus de la voiture de l’enseignant, une Peugeot 205 blanche, crevés ce même 5 septembre. Puis dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 septembre, l’incendie de la mobylette appartenant au frère de Marc Casanova, au pied de son domicile. Le 8 septembre, le propriétaire de la petite cylindrée aurait emprunté une 205 blanche à son employeur pour rentrer chez lui après son travail, aux environs de 14 heures, au moment où Emmanuel Multedo se garait au pied du même immeuble, avec la même voiture… Alors, méprise ou coïncidence ? Escalade d’incivisme ou élimination d’un témoin gênant ? En voulait-on à Emmanuel Multedo, ou au conducteur d'une 205 ? Pour les proches d’Emmanuel Multedo, ce sont toujours les mêmes questions, égrenées depuis quatre ans, et l’enquête sent le réchauffé. En quête de vérité, sa veuve, Cécile Multedo, et sa mère, Lucie Desideri, déploraient dans une lettre au président de la république, daté du 22 mai 2010, que "l'enquête piétine parce que l'on ne s'occupe pas suffisamment de cette affaire".

A moins que cette fois, les enquêteurs puissent apporter des éléments nouveaux.

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