Plusieurs établissements insulaires sont bloqués partiellement ce vendredi 29 novembre. Un mouvement à la suite de la décision de la cour administrative d'appel de Marseille qui a confirmé en début de semaine l'interdiction de l'usage d'une langue, autre que le français, dans les débats à l'Assemblée de Corse.
C'est le deuxième jour de mobilisation après que la justice a confirmé, en début de semaine, l’interdiction de la langue corse lors des débats de l’Assemblée de Corse. Une décision qui fait beaucoup réagir sur l'île, aussi bien du côté des politiques que chez les jeunes.
Comme en témoignent ces blocages au lycée Fesh et au lycée Laetitia ce matin à Ajaccio. Plusieurs dizaines de lycéens se sont mobilisés devant leur établissement, en brandissant des banderoles. "La langue corse n'est pas une menace, c'est une richesse", peut-on lire sur l'une d'entre elles.
Deuxième jour de mouvement
En musique et en chantant, dans une ambiance plutôt bon enfant, les jeunes ont tenu à se mobiliser pour défendre la langue corse et son patrimoine culturel.
Ils suivent le mouvement de colère qui a commencé hier à Corte, à l'appel de deux syndicats étudiants : Ghjuventù Paolina (GP) et Ghjuventù Indipendentista (GI). Ce jeudi, devant le Palazzu Naziunale, une quinzaine d'étudiants s'est réunie pour exprimer son mécontentement. Ils ont appelé à une plus grande mobilisation, de tous ceux intéressés à la protection de la langue, ce dimanche 1er décembre à 14h à Corte.
Cette colère fait suite à la décision de la cour administrative d'appel (CAA) de Marseille il y a trois jours, confirmant le jugement prononcé en première instance par le Tribunal Administratif (TA) de Bastia en mars 2023, qui avait annulé les règlements intérieurs de l’Assemblée de Corse.
Ces derniers prévoyaient que les langues des débats et des travaux des deux organes de la Collectivité soient le corse et le français.
Ce jeudi, en plus de Corte, la contestation des étudiants s'est également entendue à Bastia et du côté de Porto-Vecchio.
Une décision "contraire aux textes européens et internationaux"
Dans son arrêt du 19 novembre, la Cour administrative d'appel a estimé que les dispositions du règlement intérieur "ont pour objet et pour effet de conférer le droit aux membres de l’Assemblée de Corse de s’exprimer, en séance de cette assemblée, dans une langue autre que la langue française".
Cette décision de la cour administrative d'appel (CAA) de Marseille n'a pas manqué de faire réagir. En plus des étudiants et jeunes mobilisés ce jeudi, les élus politiques ont aussi réagi dans la foulée de cette décision.
Dans un communiqué publié ce 25 novembre, Gilles Simeoni, le Président du Conseil exécutif de Corse et Marie-Antoinette Maupertuis, la Présidente de l'Assemblée de Corse, ont annoncé vouloir proposer aux conseillers territoriaux que la Collectivité forme un pourvoi devant le Conseil d'Etat, afin de "contester cet argumentaire devant les juridictions européennes et internationales".
Selon la Collectivité, l'arrêt rendu par la cour administrative d'appel de Marseille est "contraire aux textes européens et internationaux protégeant les droits fondamentaux au plan linguistique".
"Priver les élus de parler leur langue"
D'où la nécessité, selon le Président du Conseil exécutif de Corse d'obtenir "au plus vite une révision constitutionnelle conférant un statut d'officialité à la langue corse".
Le 9 mars 2023, le tribunal administratif de Bastia avait donné raison au préfet de Corse Pascal Lelarge, qui avait jugé irrecevable la modification du règlement intérieur de l’Assemblée de Corse.
Le TA de Bastia avait annulé les articles des règlements intérieurs de l’Assemblée de Corse qui disposaient que "les langues des débats sont le corse et le français". Il considérait que cette disposition enfreignait l’article 2 de la Constitution, selon lequel "la langue de la République est le français".