Ce vendredi 30 juin, cinq personnes, dont deux mineurs, ont été transférées à Paris pour être entendues dans les locaux de la sous direction antiterroriste. Lundi, huit personnes ont été interpellées dans le cadre d'une enquête menée par le parquet national antiterroriste portant sur des attentats perpétrés dans l'île ces derniers mois.
Un mineur de 16 ans a été transféré à Paris, ce vendredi 30 juin, afin d'être entendu dans les locaux de la sous-direction antiterroriste pour des motifs d'association de malfaiteurs a précisé son avocate Maître Laetitia Maricourt.
"Nous dénonçons les conditions scandaleuses du transfèrement de mon client, précise-t-elle. Nous avons été prévenus ce matin [vendredi 30 juin ndlr.] pour cet après-midi. Mon client est un adolescent, c'est psychologiquement difficile pour les parents mais aussi matériellement. Comme mon client est mineur, les représentants légaux doivent être présents lors de l'interrogatoire du juge, nous sommes en saison estivale et il est très compliqué de trouver un billet d'avion."
L'adolescent devrait être présenté à un juge d'instruction à 14 heures. Quatre autres personnes, dont un autre mineur, ont également été transférées dans la journée. Contacté, le parquet national antiterroriste (PNAT) de Paris n'a, pour l'heure, pas donné suite à nos sollicitations.
"Une visite de Gérald Darmanin inconcevable"
Le président de l'associu Sulidarità, Thierry Casolasco, qui avait déjà qualifié de "démesurées" les conditions d'interpellation du jeune nationaliste, s'est "étonné" dans la matinée du transfèrement d'un mineur.
Quelques heures après l'annonce des transfèrements des deux mineurs, le parti indépendantiste Corsica Libera a estimé dans un tweet qu'"il leur est simplement reproché l'engagement de leur famille au service de la Corse".
Alors que la France s'embrase, qu'elle est à feu et à sang, on a une démonstration de force ici
Josepha Giacometti-PireddaSession de l'Assemblée de Corse, 30 juin
Dans l'hémicycle de l'assemblée de Corse, la représentante du parti, Josepha Giacometti-Piredda déclare : "Je me pose la question. Alors que la France est en train de s'embraser, qu'elle est à feu et à sang [les violences urbaines liées à la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier ndlr.], on a une démonstration de force ici. L'antiterrorisme vient montrer les muscles en Corse en arrêtant un très jeune garçon, en le transférant à Paris... On a besoin d'affirmer une certaine force et une certaine légitimité et on a besoin d'intimider. Comme j'avais déjà eu l'occasion de le dire au ministre de l'Intérieur, ça fait beaucoup et souvent de coïncidences, beaucoup et souvent à la veille de rendez-vous politiques, beaucoup et souvent avec certaines méthodes qui tentent un amalgame et une marginalisation, beaucoup et souvent sur la question des opinions politiques."
Core in Fronte, autre parti indépendantiste, estime quant à lui que "toute venue de Gérald Darmanin [ministre de l'Intérieur ndlr.] en Corse dans les jours à venir avec des jeunes emprisonnés est inconcevable."
De son côté, le Partitu di a Nazione Corsa (PNC) "s’insurge contre le traitement subi par les jeunes militants nationalistes interpellés et les assure de son soutien".
Femu a Corsica a également réagi. "Nous constatons qu'une fois de plus, alors que la Corse aspire à s'engager sur la voie de la paix et de la résolution du conflit, des jeunes mineurs sont interpellés et transférés à Paris dans des conditions juridiques scandaleuses, et font l'objet de poursuites judiciaires disproportionnées", écrit le parti autonomiste dans un communiqué.
Trois personnes laissées libres
Ces cinq personnes transférées à Paris font partie des huit militants nationalistes interpellés, lundi, dans différentes villes de Corse, dans le cadre de plusieurs enquêtes diligentées par le parquet national antiterroriste (PNAT), ouvertes à la suite d'attentats et d'incendies criminels perpétrés contre des résidences secondaires.
Jeudi, trois personnes ont été laissées libres à l'issue de leur garde à vue. Parmi elles, Sampieru Andreani, membre de l'exécutif de Corsica Libera.
Les investigations porteraient notamment sur des actes commis sur une maison de Capo-di-Feno, à Ajaccio, où des tags GCC et FLNC avaient été retrouvés sur les murs.