#Iwas met douloureusement en lumière le manque de structures purement dédiées aux agressions sexuelles sur les plus jeunes. Mais des organismes existent, qui offrent une oreille attentive, et sont de bon conseil pour parvenir à se reconstruire. et obtenir  justice.

"Je le vis comme un tremblement de terre pour l'île. C'est effarant. Quand j'ai vu la vague de témoignages grossir à ce point sur les réseaux sociaux, j'ai été interloquée". 
Francine Grilli, pourtant, en a vu d'autres. 

La directrice du CIDFF, le centre d'information sur les droits des femmes et des familles de Haute-Corse, se bat contre les violences conjugales depuis des décennies. 
Peu de personnes sont mieux placées pour connaître la sordide et cruelle réalité à ce sujet. 
Et pourtant...


#IWas après #Metoo

La libération de la parole en Corse, chez les victimes, souvent très jeunes, d'agressions sexuelle, elle ne l'a pas vue venir.

"Ce n'est pas le premier mouvement émanant des réseaux sociaux, on a toutes et tous en mémoire #Balancetonporc et #Metoo. Mais à cette époque, il n'y avait pas eu de conséquences en Corse. Il n'y avait pas eu d'explosion des sollicitations. Alors que #IWas... Depuis quelques jours, ça n'arrête pas, c'est en flot continu, et puis ce sont des témoignages tellement durs..."
 

 

Des témoignages tellement durs

Cette fois-ci, effectivement, c'est le contraire. 
Alors que dans le reste de la France, le mouvement n'a provoqué qu'un haussement de sourcils vaguement curieux de quelques journalistes, obnubilés par la Covid-19, les manifestations contre les forces de l'ordre et la crise économique, toute la Corse ne parle que de ça. 

Près de 200.000 personnes ont lu, sur notre site, les deux articles que nous avons consacré au phénomène. 
Mais de là à dire qu'il y a plus d'agressions sexuelles en Corse, qu'ailleurs, il y a loin. 

 

Le témoignage, une première étape

"#IWas touche plus particulièrement l'île, et je n'ai pas la moindre idée de la raison. C'est tellement soudain, on manque du recul nécessaire pour se faire une idée."  Francine Grilli, comme tout le monde, est démunie devant l'ampleur du mouvement.
 


Avant d'avancer, prudemment, un début d'explication, qui ne concerne pas que la Corse.
"On sort d'une période très spéciale, avec le déconfinement. Peut-être que cette période d'inactivité a fait remonter des souvenirs enfouis, qu'elle a incité les victimes à se poser plus de questions. Une chose est sûre, la vérité éclate enfin, d'une manière brutale, mais, enfin, on ose dire les choses".  

Leur crainte, c'est de ne pas être crues

Les dire, mais les dire à qui ? 
Twitter est un exutoire, mais selon les associations, les réseaux sociaux ne sont pas suffisants pour se reconstruire.
 


Dominique Muglioni est conseillère juridique au CIDFF. Et pour elle, "il faut maintenant que les garçons et les filles qui ont subi des agressions sexuelles aillent dans le commissariat, la gendarmerie les plus proches. Et que la justice se saisisse de leur cas. Leur crainte, c'est de ne pas être crues. Et puis il y a la peur des représailles, ou les doutes, les "on ne va pas me croire"... Ce qu'il faut marteler, c'est "Vous avez témoigné, maintenant, allez au bout de la procédure, même si c'est difficile. Et les convaincre qu'on ne peut pas laisser ce genre de chose impuni!" 
 

 

Le web, nouveau tribunal

Scarlett, l'une des leaders du mouvement insulaire de #IWas, est consciente de tout cela, mais pour elle, "en passant par internet on se sent bien plus soutenue que devant un tribunal. Que devant un avocat, devant un flic, qui souvent nous renvoient chez nous très rapidement..."  

Conséquence, c'est aujourd'hui le Web qui se transforme en tribunal.

Un désir de vengeance est en train de naître parmi les victimes. 
Certaines promettent de dévoiler des listes de noms, d'autres ont déjà cité la personne qui, à les en croire, les a violées, humiliées. 

Une solution dangereuse.
"La dénonciation est quelque chose qui m'inquiète. Le souci, c'est qu'il y ait des noms qui circulent, et que des frères, des pères, des maris aient la tentation de se faire justice eux-mêmes."  
 


A qui parler ?

 Le CIDFF travaille sur la question des violences faites aux femmes. Prioritairement dans le cadre de violences conjugales. 
Le centre d'information n'est pas dédié aux agressions sexuelles sur les plus jeunes.
Le problème, c'est que les victimes qui se sont dévoilées sont souvent mineures, comme le montre le chiffre qui suit le #IWas dans les statuts Twitter.
 


Pour autant, le CIDFF s'est mobilisé dès l'apparition du #IWas en Corse, et relaie activement tous les témoignages sur les réseaux sociaux. 
Et compte bien faire bénéficier les victimes de son soutien et de ses conseils.

Prendre en compte les souffrances, et simplifier la vie des victimes

"On n'a pas l'habitude de recevoir un public très jeune, nous confie Francine Grilli. On a eu quelques cas, très rares, par le passé. Pour autant on est en capacité de les recevoir. De les informer et de les orienter. Avec moi, il y a Dominique Muglioni, qui s'occupe du juridique, mais également une psychologue clinicienne qui assure le suivi. On parle de choses graves, de traumatismes, qu'il faut soigner longuement...
Notre rôle, c'est de prendre en compte leurs souffrances, et de leur simplifier la vie."

 

 

Aucune structure dédiée au problème

L'interlocuteur privilégié de la génération qui se confie à travers #IWas, ce sont les missions locales, relais des pouvoirs publics auprès des jeunes de 16 à 29 ans.

A Bastia, elle se trouve dans le quartier de Montesoro. 

Mais là aussi, parmi les tâches qui lui sont dévolues, pas vraiment de volet dédié aux agressions sexuelles. 
Ici, on parle d'emploi, de santé, de logement, de formation...
Emmanuelle Bar-Arrighi, la directrice, en est consciente. 
"Des ados qui passent la porte pour avoir une aide dans ce domaine, il n'y en a pas. On n'est pas une structure identifiée comme cela, alors il n'y a pas de communication dans ce sens.
Mais mes collaborateurs sont sensibilisés au repérage de jeunes gens qui auraient eu à affronter ce genre de situation. On a eu quelques jeunes filles, et on a travaillé avec elle sur le long terme. Quand le conseiller détecte une victime potentielle d'agression sexuelle, la psychologue prend le relais, et on peut saisir la justice..."

 


Emmanuelle Bar-Arrighi est au contact en permanence avec les plus jeunes, et ce qui arrive ne l'étonne guère. Pas plus ce que cela révèle, que le nombre de témoignages qui affluent. 
"Ca reflète un rapport à la sexualité qui a changé, dans les nouvelles générations. On le constate chaque jour. On a l'impression qu'une distanciation avec l'acte sexuel s'est instaurée. Que c'est presque devenu anodin, comme si on était dans la pure consommation. Mais le mouvement #IWas prouve, au moins, que si c'est le cas chez les bourreaux, ce n'est pas le cas chez les victimes". 

Le sexe est devenu anodin, de la pure consommation...

Si la mission locale n'est pas vraiment dédiée à leur venir en aide, Emmanuelle Bar-Arrighi, tout comme Francine Grilli, est décidée à répondre présent. 
"La réaction est épidermique, mais elle fait passer un message fort. Quelque chose clochait, et soudain, ça explose. Alors nous devons être là pour accompagner ce mouvement, accueillir les victimes et les orienter vers les bons interlocuteurs. Pour les aider à se reconstruire. A la mission de Bastia, on est armés pour cela". 
 


Offrir, enfin, une réponse adaptée au problème

Ce que #Iwas met au jour, au-delà des drames qui se sont accumulés, durant des années, sous nos yeux, sans que l'on y prête attention, c'est la nécessité impérieuse, pour les pouvoirs publics, d'offrir, enfin, une réponse proportionnée à la question douloureuse des agressions sexuelles chez les plus jeunes. 

 

 

CIDFF de Haute-Corse
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Missions Locales
Sur le site http://www.missions-locales-corse.org/, vous trouverez les coordonnées des missions locales les plus prêts de chez vous. 

Femmes solidaires de Corse :
0619278760
0612159121.
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