Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, n'a pas exclu jeudi qu'il y ait une référence explicite à la Corse dans le cadre d'une réforme de la Constitution.
La "Madame Corse" du gouvernement s'exprimait lors de l'émission "Questions d'info" de la chaine LCP.
A la question "Symboliquement, est-ce que vous accepteriez qu'il y ait une référence à la Corse dans la Constitution", Mme Gourault a répondu: "On verra !".
"Il faut discuter sur les souhaits de ceux qui sont en face de nous et voir quelles sont leur volonté de dialogue, leur volonté d'être reconnus par la Constitution", a poursuivi l'ancienne vice-présidente du Sénat.
"Ce que l'on veut, le droit à la différenciation, c'est au fond reconnaître la spécificité des territoires et être capables d'admettre que l'on applique de façon différente les règlements d'une loi qui a été votée" pour tous, a précisé la ministre auprès de Gérard Collomb.
La France "reste une et indivisible, mais sa richesse c'est sa diversité", a martelé cette proche de François Bayrou.
"Il n'y a qu'un peuple (…) et il n'y a qu'une langue"
Interrogée sur la reconnaissance de la langue corse, la ministre a réaffirmé l'opposition de l'exécutif à la co-officialité avec le français, revendiquée par les élus nationalistes.
"Il n'y a qu'un peuple, c'est le peuple français et il n'y a qu'une langue", a-t-elle insisté tout en soulignant que "la langue corse est un patrimoine" et que "les habitants de la Corse aiment leur langue". "Il faut les aider, nous les aidons déjà", a-t-elle déclaré.
Rapprochement des détenus corses
Il est en outre "possible", a-t-elle redit, que certains prisonniers corses "puissent être rapatriés", "au cas par cas", en fonction de "la durée de la peine" à purger et du "comportement pendant la détention".Parmi la dizaine de prisonniers concernés figure Yvan Colonna, reconnu coupable de l'assassinat en 1998 du préfet Claude Erignac.
"Vous imaginez bien que l'assassin du préfet Erignac est quelqu'un qui symbolise autre chose que d'autres qui sont emprisonnés sur le continent", a souligné Mme Gourault.
Face à ces déclarations, le groupe nationaliste modéré à l'Assemblée de Corse Femu a Corsica a émis des réserves, accusant la ministre de manoeuvrer pour "désamorcer une situation en passe d’être irrémédiablement bloquée".
Mme Gourault accompagnera le président Emmanuel Macron en Corse, le 6 février, pour l'hommage à la mémoire du préfet, 20 ans après son assassinat.
Le président de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, a annoncé qu'il ne participerait pas à cette commémoration. "Il est libre de faire ce qu'il veut", a réagi Mme Gourault, précisant que le président du conseil exécutif, Gilles Simeoni, a, lui, "l'habitude d'y participer".