Ce 17 mai, journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, l’association corse LGBTI+ l’Arcu souffle sa première bougie. L’occasion, pour son président et co-fondateur, François Charles de revenir sur ses actions.
Pour François Charles, co-fondateur et président de l’association l’Arcu, un fait est à retenir cette année : l’agression homophobe d’un jeune homme à la sortie d’une discothèque à Ajaccio en septembre dernier.
Car cette affaire, toujours en cours, a permis à l’association de lutte contre les discriminations, et pour l’information et le respect des droits des lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, intersexes (LGBTI+), de se structurer. « Nous avons notamment trouvé un avocat référent, qui accepte d’être contacté en cas de problème. La Corse était la seule région à ne pas en disposer », explique François Charles.
Happy birthday à l’Arcu* lgbti+corsica https://t.co/uIiEPkia6L#17mai Journée internationale de lutte contre les lgbtiphobies
— François Charles (@FransoisCharles) May 17, 2020
*Ça se prononce arcou (pas arcul) avec un accent tonique sur la première syllabe, ça vient d’arcubalenu en corse qui veut dire arc-en-ciel.
Écoute et libération de la parole
L’association, en plus de l’organisation de rassemblements « pour nourrir la communauté en événements », a mis en place un système d’écoute. « La Corse est coupée du continent, il y a un véritable isolement accompagné d’une misère sexuelle et affective. Ici, ils ne peuvent pas prendre un train pour aller dans une soirée pour s’amuser avec des gens comme eux », témoigne son président.
En un an, la présence de l’Arcu a permis de libérer la parole notamment sur les réseaux sociaux. « Ça permet une identification, surtout sur un territoire comme la Corse où le regard de l’autre est important. Même si cela entraîne souvent un déchaînement de commentaires négatifs, de haine, il y a aussi beaucoup de messages de soutien », note François Charles.
« En 2020, on a quasiment acquis tous nos droits »
Des commentaires négatifs qui pour le président de l’Arcu traduisent souvent de la peur. « Il y a une certaine appréhension du militantisme. Pour moi, la meilleure solution, face à la peur, c’est d’essayer de comprendre ce qui ne va pas. Ma conviction, c’est qu’il ne faut pas être dans un militantisme véhément, il pourrait être contreproductif et cela pourrait rejaillir sur la communauté et sur des personnes qui ne font pas partie de l’association. Il faut à tout prix éviter ça », estime François Charles.
Mais il concède aussi qu’il est nécessaire et qu’il a permis à l’Arcu de s’organiser politiquement. « Nous avons pu saisir les députés corses concernant le projet de loi bioéthique », précise-t-il. Ce dernier ouvre la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Si le texte a été adopté en première lecture au Sénat en février dernier, sa deuxième lecture à l’Assemblée nationale a été reportée sine die.
L’Arcu compte 40 membres et près de 80 sympathisants et donateurs.