Ce vendredi 31 mai marque la journée mondiale sans tabac. Cette année, elle est dédiée aux jeunes. En France, un programme leur est spécifiquement voué, Tabado. Sacha Contesto, animateur de prévention dans l’île, répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Depuis 1987, le 31 mai est la journée mondiale sans tabac menée par l’organisation mondiale de la santé (OMS). Son but : “faire connaître l’épidémie de tabagisme et ses effets mortels partout dans le monde. Le tabagisme est la plus importante épidémie évitable à laquelle les soignants sont confrontés”, précise l’OMS.
Cette année, les actions ciblent les jeunes qui, selon l’OMS, sont visés par “l’industrie du tabac pour perpétuer ses profits et créer ainsi une nouvelle génération de personnes dépendantes”.
A l'approche de la #JournéeMondialeSansTabac le #BEH consacre un dossier thématique au #tabagisme 🚬
— SantépubliqueFrance (@SantePubliqueFr) May 28, 2024
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En France, le programme Tabado, mis en place par l’institut national du cancer, accompagne spécifiquement les jeunes en CFA, lycées professionnels ou agricoles vers l’arrêt du tabac. Sacha Contesto, animateur de prévention Tabaco, répond aux questions de France 3 Corse.
En quoi consiste le programme Tabado ?
Dans les CFA, lycées professionnels et agricoles, la consommation de tabac passe du simple au double comparé aux filières générales. Depuis trois ans, nous allons dans ces établissements en Corse-du-Sud et en Haute-Corse où nous menons des actions innovantes et gratuites.
En plus des stands d’information, nous rencontrons les élèves pendant les heures de cours. Nous sommes toujours accompagnés d’une infirmière tabacologue ou d’un médecin tabacologue, ce qui nous permet de recevoir les jeunes en consultation dans la journée. Ainsi, nous pouvons délivrer des patchs, des gommes ou des pastilles gratuitement.
Le programme fonctionne bien, puisqu'un fumeur sur deux s’inscrit pour une consultation et 20 % arrêtent de fumer. Il faut savoir que ces jeunes bénéficient d’un accompagnement tout au long de l’année scolaire avec des rendez-vous, en présentiel ou au téléphone, avec une infirmière tabacologue qui les coache.
Le programme est aussi ludique, car un jeu concours est organisé entre les établissements. Ainsi, celui qui gagne le plus de points remporte une somme de 1.000 euros pour acheter des équipements sportifs pour le lycée par exemple. Les points sont remportés en fonction du nombre d’inscriptions ou encore de rendez-vous avec les professionnels.
Comment expliquer un aussi grand nombre de fumeurs dans ces établissements ?
Il y a plusieurs explications. Dans un premier temps, des études sociologiques montrent qu’il y a beaucoup plus de fumeurs chez les personnes qui n’ont pas fait d’études ou pas d’études, soit un niveau social inférieur.
Ces jeunes sont également confrontés très tôt au monde professionnel à travers des stages. Ils font des pauses avec des adultes qui peuvent avoir une consommation importante de tabac.
Et il y a également l’ennui. Lorsque des cours sont annulés, par exemple, ces élèves restent dehors pour fumer. Dans ces établissements, on voit énormément de consommation de tabac avec des quantités très importantes. Parfois, des jeunes de 17 ans fument deux paquets de cigarettes par jour.
Néanmoins, la consommation est variable en fonction des établissements. Nous avons été agréablement surpris au lycée polyvalent du Fiumorbu. Là, il est très mal vu de fumer, donc les élèves fumeurs sont très rares, 4 sur les 440. Au contraire, au lycée agricole de Sartène, un élève sur deux est fumeur.
À noter qu’en Corse, ces dernières années, de moins en moins de garçons fument. Il y a donc plus de filles fumeuses. Pour l’heure, mis à part un phénomène de mode, cette spécificité ne s’explique pas.
Est-ce que ce programme va être pérennisé ?
Nous sommes à un moment charnière, car dès l’année prochaine, l'institut national du cancer ne pilotera plus ce programme, tout sera transféré aux agences régionales de santé. Nous souhaiterions que l’ARS de Corse soit sensibilisée aux bienfaits de ce programme afin que nous puissions continuer.
Pour le moment, nous sommes dans l’incertitude la plus complète, mais si Tabado n’était pas maintenu, ce serait une catastrophe. Nous avons créé un lien avec les jeunes, ils nous connaissent et ils viennent nous voir même s’ils ne fument pas. Cela permet de faire des repérages précoces même sur d’autres consommations.
Ainsi, si le programme prenait fin, cela nous couperait d’une partie de la jeunesse corse.