Sa famille se battait depuis toujours pour faire rapatrier la dépouille de Virgo Luigi, afin qu'il repose sur sa terre natale, en Cores. L'homme avait été fusillé le 3 septembre 1916 dans la Meuse et inhumé dans cette région.
Les descendants de Virgo Luigi peuvent enfin souffler. Depuis des années, ils se battent pour faire rapatrier en Corse, le corps de ce soldat, fusillé pour l'exemple en 1916 dans la Meuse.
Virgo Luigi est né à Casabianca (Haute-Corse) en 1875. À l'âge de 29 ans, il est mobilisé pour la Grande guerre, alors qu'il "était veuf avec la charge d'un enfant de six ans", souligne Virginia Baccarelli, l'arrière-petite-nièce de Virgo Luigi, qui a fondé l'association "Per Virgo Luigi" en sa mémoire.
Exécuté dans la Meuse
Avec sa sœur Géraldine, les deux luttent depuis 2011, pour que leur arrière-grand-oncle repose en Corse et non à dans la Meuse, à des centaines de kilomètres de leur île.
Le destin de Virgo Luigi s'est arrêté brusquement en 1916. Ce soldat du 173ème régiment est décrit comme un homme courageux, "qui combat sans relâche", jusqu'à la bataille de Verdun.
"Lors d'un assaut très meurtrier, il est porté disparu en première ligne. Il est retrouvé quelques jours plus tard, en seconde ligne, auprès de son ami d'enfance, natif du même village, Charles Mazzoni, qui a été blessé", raconte Virginia Baccarelli.
Les instances de l'armée française accusent le jeune originaire de Casabianda "d'abandon de poste et de désertion" à l'intérieur du régiment. Malgré les dépositions de ses camarades, Virgo Luigi est condamné à mort "pour l'exemple" et pour dissuader toute velléité de désertion dans les rangs de l’armée française. Il est exécuté le 3 septembre 1916 à Jubécourt, commune de la Meuse, alors qu'il n'avait que 31 ans.
Un combat sans relâche
Le jeune homme de Castagniccia est inhumé depuis dans le cimetière militaire de Ville-sur-Cousances, avec de nombreux autres soldats corses. Raison pour laquelle, depuis plus de 10 ans, les sœurs Baccarelli, les arrière-petites-nièces du défunt, multiplient les démarches auprès de l’État pour obtenir sa réhabilitation.
Un combat semé d'embûches, car la loi française rend impossible actuellement de réhabiliter un condamné à mort qui a été exécuté. En janvier 2023, le Sénat a d'ailleurs rejeté une proposition de loi visant à réhabiliter plus de 600 soldats "fusillés pour l'exemple".
En attendant que l'Etat réagisse, les deux sœurs tentaient de faire vivre la mémoire de leur arrière-grand-oncle en organisant depuis 2013 une cérémonie dans leur village de Castagniccia au mois d'août devant une plaque commémorative en son nom.
Je vous confirme que le rapatriement de la dépouille du soldat Luigi est possible et que le ministère des armées se tient prêt à examiner toute demande en ce sens.
Thierry Laurent, directeur du cabinet du secrétaire d'État chargé des Anciens combattants
Une lutte, sans relâche, qui a finalement porté ses fruits : le 30 novembre 2023, l'association "Per Virgo Luigi" a reçu une lettre du secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire, qui autorise le rapatriement du corps de leur arrière-grand-oncle. Le soulagement.
Exhumé en juin
Le 24 juin 2024, le corps de Virgo Luigi est finalement exhumé de la nécropole de Ville-sur-Cousances, dans la Meuse, où il reposait. Les sœurs Baccarelli étaient évidemment présentes avec d'autres membres de la famille du soldat. "Il reposera désormais auprès de sa sœur", confie, apaisée, Virginia Baccarelli.
Parmi les autres personnes présentes lors de l'exhumation, il y avait aussi Jessie Dos Santos, l'auteure d'un roman racontant le destin tragique de Virgo Luigi, sorti le 3 juillet dernier.
L'inhumation du corps de Virgo Luigi aura lieu le 11 août 2024, au cimetière de Casabianda, sur sa terre natale. Une messe et une grande fête se dérouleront au couvent Saint-Antoine à Casabianca.