Il est incolore, inodore. Et pourtant, le radon est présent partout où l'on trouve du granit. C'est dire à quel point les maisons en Corse sont exposées à ce gaz radioactif naturel cancérigène. Depuis peu, la CAPA souhaite informer le public de ce danger pour la santé.
Dès les années 90, la DASS avait alerté les pouvoirs publics des dangers du radon, au terme d'études menées en Corse-du-Sud notamment. Du fait de sa forte concentration en sol granitique, le département avait alors été classé comme le plus touché de France, après le Massif central et la Bretagne.
Autre information d'importance relayée par l'Agence Régionale de Santé de Corse, le tabagisme - actif comme passif - associé au radon multiplierait par sept le risque d'avoir un cancer du poumon. Le gaz est du reste classé comme cancérigène pulmonaire. En Corse, il serait responsable d'une trentaine de décès par an. Un chiffre comparable à celui des décès sur la route et à celui des victimes de l'amiante.
C'est à la lumière de ces révélations que le dépistage est devenu obligatoire dans les lieux fréquentés par le public (prisons, stations thermales, écoles...). Les particuliers en revanche ne sont pas du tout obligés ni même incités à demander un dépistage chez eux. Et pourtant, plus de la moitié des maisons insulaires sont construites sur du sol granitique.
Le danger vient à la fois du sol et des murs, les maisons typiques corses étant construites en granit essentiellement.
Pour savoir si votre maison est exposée au risque radon, un seul moyen, demander à un expert de venir mesurer le taux contenu dans l'air des pièces du bas. La mesure se fait à l'aide de petits dosimètres, sur une semaine.
Rares sont les entreprises capables d'effectuer ces mesures en Corse. Christian Vincenti, expert en radon agréé par l'Autorité de sûreté nucléaire (Audit Expert Conseil), en a fait son cheval de bataille depuis des années. D'après lui, le dépistage ne serait pas systématique dans les lieux publics comme les écoles.
Si le taux relevé est très élevé, une bonne aération peut suffire. "Comme le faisaient nos anciens, il faut de toute façon ouvrir souvent les fenêtres pour renouveler l'air", conseille-t-il.
Une habitude qui s'était perdue avec la crise pétrolière de 1973, on conseillait alors aux gens de se calfeutrer chez eux pour ne pas consommer trop d'énergie...
Ces problématiques, les collectivités souhaitent les intégrer désormais. Telle la Maison de l'Habitat durable, service de la CAPA. Une conférence était ainsi organisée le jeudi 12 juin au Palais des Congrès d'Ajaccio sur le sujet des risques naturels, dont le radon.
La collectivité souhaite ainsi informer les particuliers du risque radon, que l'on habite dans une maison ancienne ou que l'on projette d'en construire une. Les habitats récents sont toutefois beaucoup moins exposés. Un vide sanitaire ventilé et un sol étanche construit avec une membrane spéciale pourraient suffire.
Reportage Céline Aubert, Christelle Nicolas, Jacques Paul-Stefani, Pauline Courseaux :
Le radon est un gaz radioactif naturel présent dans la croûte terrestre, dans les sols granitiques.
Issu de la désintégration de l'uranium, il diffuse dans l'air des micro-particules cancérigènes qui passent dans les bronches et se déposent dans les poumons. Très dilué dans l'air, il est surtout dangereux au-delà du seuil de 300 becquerel.
Le gaz peut passer à travers la plus infime fissure d'une maison, y compris les gaines d'une prise électrique.