Avec 580.000 hectares de forêt, la Corse est la région la plus boisée de France selon un rapport de l’institut national de l’information géographique et forestière. Problème, dans l’île, la filière bois ne se développe pas faute, notamment, de valorisation.
66 % de la Corse est couverte par la forêt. Un chiffre qui équivaut à 580.000 hectares et qui fait de l’île, selon un rapport de l’institut national de l’information géographique et forestière (IGN) publié le 18 novembre dernier, la région la plus boisée de France.
Bonne nouvelle ? D’après les professionnels et responsables d’établissement public ou de collectif du secteur, pas forcément. Car si la forêt est indispensable à la préservation de la biodiversité, au stockage de l’eau ou encore à la retenue de l’eau et des sols, sa croissance constante marque aussi l’abandon de terres de l’intérieur. « La forêt s’est développée sur des terrains qui étaient initialement à vocation agricole. Et elle continuera à se développer dans les années à venir », souligne Dominique Santelli, porte-parole de du collectif « Per a Furesta Corsa ».
Valoriser une filière endormie
D’autant plus que la filière bois ne parvient pas à se structurer et à se développer. Ainsi, si l’île occupe la première place des régions les plus boisées, elle est également la région avec le plus faible volume de bois, 44 millions de mètres cubes.
Car la Corse souffre d’un manque de valorisation de la filière bois. « C’est un secteur qui est insuffisamment organisé et productif pour consommer le bois qui est produit sur l’île, explique Pierre Vellutini, directeur de l’office national des forêts (ONF) en Corse qui gère 150.000 hectares de forêts publiques. L’économie est faible, les scieries qui étaient un temps présentes en nombre sur le territoire ont fermé, actuellement, il en reste quatre de moyenne capacité. En ce qui concerne le bois d’œuvre, les outils de production ne sont pas adaptés, un travail avec les professionnels est à opérer pour les bois de moins bonne qualité. Il y a beaucoup de choses à construire ».
Pour le porte-parole du collectif « Per a Furesta Corsa » une des solutions envisageables réside dans la production de bois de meilleure qualité dans les forêts publique. « Dans ces zones, le peuplement et de 70 % de bois de moindre qualité. Le classement fonctionne par lettre de A pour très bonne qualité à D pour de mauvaise qualité, nous proposons des bois de qualité D. Ça correspond à du bois-énergie, filière qui est peu développée en Corse. À l’inverse, les 30 % de bois restant trouvent à être utilisés. Nous espérons voir la tendance s’inverser grâce à la sylviculture notamment en coupant les mauvais bois et faire monter les forêts en qualité. »
« Promouvoir l’intérêt économique de la forêt pour sortir de l’indivision »
Dans l’île, 86 % des forêts sont privées et utilisées pour le bois buche. Ce sont elles qui, selon les chiffres de l’INGF croissent le plus rapidement. Et leurs propriétaires sont, eux aussi, confrontés à un certain nombre de problématiques à commencer par l’indivision. « C’est le fait majeur, regrette Daniel Luccioni, président du conseil régional de la propriété forestière (CRPF) de Corse. Mais on peut dépasser ces choses-là. Elles ont été dépassées sur le littoral, car il y a avait des intérêts économiques, il faut donc promouvoir l’intérêt économique de la filière bois. »
Il l’assure, les propriétaires forestiers « n’ont pas abandonné », « la volonté est là ». Néanmoins, « nous sommes dépendants des porteurs de projets et de la collectivité et il n’y a ni marché, ni politique publique d’aménagement du territoire ». En plus de la coupe du bois, le président du CRPF de Corse, espère voir se développer « un atout supplémentaire » dans les forêts privées. « Des propriétaires privés travaillent avec des éleveurs afin d’ouvrir leur forêt aux troupeaux pour que les bêtes puissent y trouver ce qu’elles ne trouvent plus ailleurs. Et puis il ne faut pas oublier que nos forêts servent aussi au tourisme, notamment par la découverte de la nature », soutient-il.
Si les forêts publiques et privées ne sont pas en opposition, la mise en place de solutions durables semble indispensable pour la pérennité de la filière. Des solutions qui pourraient être trouvées lors des Assises de la forêt qui devraient se tenir début 2023.