Dans une vidéo tournée en janvier dernier, le militant indépendantiste s'en dit convaincu : la Corse sera un jour indépendante. Un document dévoilé par BFMTV, dans lequel Yvan Colonna s'entretient avec un autre détenu de la maison centrale d'Arles.
La Corse "va se réveiller. Moi, j'ai confiance." Ces mots, ce sont ceux d'Yvan Colonna, lors d'une discussion filmée en janvier 2022 avec un co-détenu basque. Un document d'environ 2 minutes dévoilé ce jeudi 31 mars par BFMTV, et dans lequel le détenu corse, décédé des suites d'une violente agression à la maison centrale d'Arles début mars, aborde la question de l'indépendance de l'île.
L'échange, tenu autour d'une partie d'échecs dans un climat détendu, débute par un retour sur des propos tenus par le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu. Fin novembre 2021, et alors que les Antilles connaissaient une crise sociale inédite, le ministre avait évoqué la piste d'une autonomie accrue du territoire.
"Chez nous, on est 68% pour l'autonomie et [l'Etat] ne discute pas"
"Chez nous, on est 68% à être au minimum pour l’autonomie et on discute pas. Et la Guadeloupe, ils demandent rien, et ils veulent leur donner l’autonomie", souffle Yvan Colonna. Son co-détenu regrette alors que la langue corse ne soit pas suffisamment étudiée dans les écoles insulaires, estimant qu'elle sera un jour "comme le latin, une langue morte", rapporte BFMTV.
"On est foutus alors?", réplique Colonna. "Foutus je sais pas... Parce que maintenant, combien ils sont pour l’indépendance de la Corse?", reprend son partenaire de jeu. "À peu près 15, 16, 17%", estime Yvan Colonna, avant d'ajouter : "Mais les autonomistes sont beaucoup plus, ils sont majoritaires". "Si vous n'avez pas l’autonomie, déjà la langue corse, ça sera fini", reprend son co-détenu.
"On va se réveiller. J'ai confiance"
Le militant indépendantiste salue ensuite les actions des autonomistes corses au cours des dernières années. "Chez, nous, ils sont mieux", assure Yvan Colonna. "Pour l'instant", lui répond son interlocuteur, qui poursuit : "Les seuls que je vois qui peuvent avoir à la longue l’indépendance et tout, c'est les Catalans. Parce que déjà la Catalogne, ça pèse question économie. Et la Corse…"
Ce à quoi le berger corse lui répond : "On va se réveiller, t'inquiète pas. Moi j'ai confiance." "Tu penses qu'un jour elle sera indépendante la Corse ?", insiste son co-détenu. "Oui, bien sûr, tranche Yvan Colonna. Ça va être indépendant."
Autre point discuté par les deux prisonniers : la "dilution" du peuple corse, selon Yvan Colonna, face à l'arrivée de continentaux, chaque année, sur l'île. "Il paraît qu'il y en a 4000 par an [qui s'installent en Corse] maintenant. 4000 par an, tu t'en rends compte ?" "Imagine dans 10 ans", souffle son interlocuteur. "Déjà, il y en a eu 30.000, 35.000 depuis 20 ans. Petit à petit on disparaît... On est dilués", déplore Yvan Colonna
Outre son exclusivité, ce document révèle aussi que malgré une grande discrétion sur la scène publique, Yvan Colonna est resté au fait de la situation politique de l'île et a conservé, au cours de ses près de 20 d'emprisonnement, ses idées et revendications militantes.