À la suite d'un vote jeudi 5 septembre, le conseil municipal de Bastia a entériné la destitution de Lisandru de Zerbi, 8ème adjoint du maire. Cela fait suite à l'arrêté pris début août par Pierre Savelli, qui avait retiré ses délégations à l'élu bastiais jusque-là en charge de la langue et de la culture corses.
Jeudi 5 septembre, Lisandru de Zerbi a été démis de ses fonctions par le conseil municipal de Bastia.
Le désormais ex-huitième adjoint au maire a annoncé se retirer de l'assemblée communale dans laquelle il ne siégera plus.
Depuis 2020, il était en charge de la langue et de la culture corses, l'une des matières phares de la mandature nationaliste.
Le reportage de Valentin Canaux et Paul Salort :
Ces derniers temps, des dissensions étaient apparues entre lui et le maire Pierre Savelli avec, en point d'orgue, un désaccord au sujet du budget alloué à la langue corse.
"Vous ne prenez pas suffisamment en compte les besoins d'une politique linguistique augmentée, déterminée, sans être hors sol ou capricieuse, mais en cohérence avec l'ambition que devrait avoir une majorité nationaliste", a déclaré Lisandru de Zerbi lors du conseil municipal. Et d'ajouter, concernant le vote :
"Je vous souhaite juste de rentrer ce soir à la maison et de vous dire que vous avez fait quelque chose de juste. Est-ce que ce soir, quand vous rentrerez à la maison, vous vous direz : "sta sera aghju fattu qualcosa di ghjustu à u cunsigliu municipale" ?"
Tensions
Depuis plusieurs mois, Lisandru de Zerbi ne siégeait plus au conseil municipal. D'autres motifs extra-politiques auraient conduit à la multiplication des tensions entre l'élu et la majorité municipale.
Les prises de position publiques de l'adjoint, notamment cet été sur les réseaux sociaux, ont acté la fin de cette histoire commune.
Le 5 août dernier, le maire de Bastia, Pierre Savelli, avait pris un arrêté "portant retrait de délégations de fonction et de signature à M.Lisandru de Zerbi, huitième adjoint".
"C'est une décision difficile mais en aucun cas jamais, jamais, on ne peut collectivement accepter que les propos nuisibles, insultants, diffamatoires soient déclarés par un membre d'une majorité à l'encontre de cette dernière ou à l'encontre des services", a indiqué Pierre Savelli lors de ce conseil municipal.
"Lynchage politique"
Jeudi en début de soirée, aucun éclat de voix ne s'est fait entendre dans la salle du conseil où un sentiment de malaise semblait avoir gagné l'opposition. Celle-ci n'a d'ailleurs pas participé au vote concernant le retrait des fonctions de Lisandru de Zerbi.
"Ce soir, on a assisté à un lynchage politique et, au-delà des désaccords, rien ne justifie qu'on expulse un élu, a réagi Julien Morganti, conseiller municipal d'opposition. Il faut savoir que c'est la deuxième fois dans l'histoire de Bastia que ça se produit et c'est la même majorité et la même équipe qui a cet acte d'autoritarisme, ce qui prouve qu'on ne peut pas travailler avec ces gens. Il faut tourner la page de ces méthodes et de ces pratiques."
Lisandru de Zerbi, qui n'a pas souhaité "faire de déclarations" aux médias, a quant à lui quitté le conseil municipal avant même les résultats du vote. Son poste d'adjoint ne sera pas remplacé.
Reste à savoir désormais quel sera l'impact de cette querelle rendue publique sur la mandature, ainsi que sur les prochaines élections municipales prévues en 2026.