Les avocats d'Yvan Colonna dénoncent le maintien de son statut de détenu particulièrement signalé

Dans un communiqué paru ce vendredi  9 février, les avocats d'Yvan Colonna ont dénoncé la décision de la commission des détenus particulèrement signalés, réunie le 5 mars dernier, qui s'est dite favorable à un maintien du statut de DPS pour le berger de Cargèse, incarcéré depuis 18 ans.

"Des arguments fallacieux visant à présenter M. Yvan Colonna sous un jour défavorable" : c'est ainsi que les avocats de ce-dernier ont qualifié l'argumentaire de la commission des détenus particulèrement signalés, qui s'est réunie le 5 mars dernier et s'est prononcée pour le maintien du statut de DPS pour le berger de Cargèse.

Condamné à la perpétuité pour l'assassinat du préfet Claude Erignac, le 6 février 1998, Yvan Colonna est incarcéré depuis 2013 à la prison d'Arles, sous le régime de "détenu particulièrement signalé" : dans ce cadre, il fait l'objet d'une surveillance et de conditions d’incarcérations spécifiques.

Mais le maintien de ce statut est dénoncé par ses avocats : pour Maîtres Canava, Cormier et Mercinier-Pantalacci, la commission aurait cherché à présenter Yvan Colonna "sous un jour défavorable", en soulignant sa "prétendue appartenance à « la mouvance terroriste corse »" et en lui reprochant les "quatre années précédant son arrestation durant lesquelles il a été recherché par les forces de l’ordre".

Selon les avocats, la commission aurait également motivée sa décision de maintenir le statut de DPS, qui empêche au détenu de prétendre à un rapprochement en Corse, par "l'écho favorable" que rencontre la cause d'Yvan Colonna au sein de la population insulaire : un soutien local qui pourrait contribuer à un risque d’évasion.

Un "procès d'intention"

Absurde, selon ses avocats : "ce procès d’intention ne repose sur strictement aucun élément, peut-on lire dans le communiqué. alors que M. Yvan Colonna est incarcéré depuis 18 années, il n’existe strictement aucun événement susceptible de caractériser le moindre début de risque de cette nature."

"Face à un comportement irréprochable depuis 18 ans, l’administration pénitentiaire est désormais contrainte de monter des incidents de toutes pièces."

Parmi ces incidents, deux sanctions disciplinaires auraient été prononcées à l'encontre du détenu pour avoir détenu un lecteur MP3 et une montre connectable.

Connectable, mais "connectée à rien", selon les représentants d'Yvan Colonna, puisque celui-ci n’aurait accès ni à un réseau wifi ni à un réseau 4G au sein de la prison d'Arles.

D'après eux, le détenu aurait été en possession de ces objets "au vu et au su" de l’administration pénitentiaire, et ce, depuis de nombreuses années.

Enfin, la commission aurait évoqué la courte grève de la faim menée en février par le détenu de 60 ans pour protester contre ses conditions de détention et les mesures de sûreté, telles que les "récentes rotations de sécurité et les fouilles à corps systématiques".

Une situation "kafkaïenne" pour ses avocats, où "les abus subis par le prisonnier sont finalement utilisés pour justifier une régime carcéral dérogatoire."

La commission aurait cependant reconnu une attitude respectueuse à l’égard du personnel pénitentiaire, et "un travail de qualité dans son poste d’auxiliaire sport" fourni depuis des années.

Les représentants d'Yvan Colonna concluent leur communiqué en rappelant que ce-dernier a effectué près de 18 années d’incarcération "à plusieurs centaines de kilomètres de la Corse et de ses proches".

Incarcéré depuis 18 ans

"Le maintien du statut de DPS empêche tout rapprochement familial, et favorise ainsi son isolement, sachant que pour des raisons sanitaires et financières, ses proches n’ont plus été en mesure de lui rendre visite depuis plus d’un an. Seuls un risque avéré d’évasion et une véritable dangerosité peuvent justifier le maintien de ce statut de DPS."

Des éléments qui, selon Maîtres Canava, Cormier et Mercinier-Pantalacci, ne seraient pas réunis. Selon eux, les véritables motifs expliquant ce "traitement carcéral vindicatif" sont de deux ordres : le détenu continue à clamer son innocence et il ne renie pas ses convictions nationalistes.

Yvan Colonna a toujours nié avoir participé à l'assassinat du préfet Erignac, bien qu'il ait été condamné trois fois par la cour d'assises spécialement composée de Paris. Deux autres corses, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, ont également été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'assassinat du préfet.

Incarcérés sur le continent depuis 1999, ils sont tous deux conditionnables depuis près de 4 ans. Mais en raison de leur statut de DPS, ils ne peuvent pas prétendre à un rapprochement en Corse. 

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