La future convention médicale ne reconnaîtra pas le statut d'île montagne à la Corse. Une décision vivement regrettée par la branche corse de la confédération des syndicats médicaux français, qui interpelle dans une lettre ouverte le ministre de la Santé.
Un cri d'alerte sur "l'inquiétude et la frustration des médecins libéraux". Dans un courrier que France 3 Corse ViaStella a pu consulter, la confédération des syndicats médicaux français (CSMF) interpelle Frédéric Valletoux, ministre chargé de la santé et de la prévention.
"La CSMF Corse prend acte du refus de la CNAM (caisse nationale d'assurance maladie) de reconnaître et d'inscrire au sein de la convention médicale du 8 février nos spécificités insulaires", écrit la confédération.
Une reconnaissance pourtant essentielle pour les médecins, l'île présentant des caractéristiques nécessitant des moyens différenciés que ceux déployés dans d'autres régions du continent, estiment-ils. "La Corse, de par son caractère d'île montagne et l'absence de CHU, génère des problématiques spécifiques en matière de démographie médicale, d'attractivité du territoire et d'accessibilité aux soins", est-il indiqué.
Le courrier pointe également le "caractère vieillissant de la population", avec 29% des habitants insulaires âgés de plus de 60 ans, qui suscite aussi des besoins accrus en terme médicaux. Ce à quoi s'ajoute "un taux de précarité de 20%".
"D'autant plus qu'un focus consacré spécifiquement aux DROM et à la Corse a eu lieu avec la CNAM et avait mis en évidence la nécessité d'adaptations spécifiques similaires", rappelle la CSMF Corse.
Une absence de prise en compte de ces données "sanitaires, démographiques et géographiques" regrettée par les médecins libéraux insulaires. Qui concluent : "Le risque d'un déconventionnement généralisé et d'une médecine à deux vitesses avec une rupture dans l'égalité de l'accès aux soins n'a jamais été aussi important."
Dégradation de l'offre de soin
Le 8 février dernier, les médecins libéraux avaient déjà reproché la fin de non-recevoir de la CNAM aux propositions de reconnaissance des spécificités insulaires en vue des négociations conventionnelles, qui fixent les termes du contrat liant les médecins libéraux à la caisse nationale d'assurance maladie pour les cinq prochaines années.
Ils dénonçaient déjà une dégradation préoccupante de l'offre de soin.
Un collectif avait dans ce cadre annoncé la tenue d'une réunion le 16 mars, ceci afin de "débattre du bien-fondé du système conventionnel en Corse face à l'absence de prise en compte par l'Assurance Maladie et par les hommes politiques au pouvoir des spécificités de notre île et de l'urgence à agir".