Une situation financière fortement dégradée, un dialogue partiel avec les actionnaires, les syndicats du journal Corse Matin alertent sur la situation de leur entreprise dans un communiqué. Selon la situation pourrait conduire à une liquidation et la suppression de 200 emplois.
La crise de la presse et ses conséquences. Dans un communiqué, publié lundi, les représentants syndicaux SNJ, FO, STC et CGT de Corse Matin font part de leur "vive inquiétude quant à l'avenir de leurs entreprises [sociétés Corse Presse, Corse Matin Publicité, Corse Distribution] et de leurs 200 emplois."
Un fait expliqué selon eux par : "une situation financière des plus inquiétantes qui menace la pérennité" de l'entreprise et une "bataille d'actionnaires surréaliste". Si les syndicats indiquent ne pas prendre parti dans "le bras de fer" qui oppose ces derniers, ils alertent sur les "conséquences sociales qu'engendrerait une liquidation". "Nous rappelons que 200 emplois difficilement requalifiables sur le marché du travail insulaire et la vie de 200 familles corses sont en jeu. […] La préservation de l'unique quotidien de presse écrite en Corse représente un enjeu majeur en matière d'accès pluriel à l'information, pour toute une population", écrivent-ils.
Des finances qui n'ont "jamais cessé de se dégrader"
Les syndicats rappellent que depuis l'arrivée de CM Holding dans le capital du quotidien (49 %), deux plans de départs "volontaires" ont été effectués, "baissant considérablement la masse salariale". Des dispositifs qui n'ont pas permis de redresser la situation financière "qui n'a jamais cessé de se dégrader".
De plus, les représentants du personnel dénoncent "une communication partielle, absente ou illisible des documents comptables". "Une procédure pour délit d'entrave a d'ailleurs été entamée en mars auprès de l'inspection du travail", précise le document. Selon les syndicats, "les actionnaires de CM Holding semblent ne pas vouloir assumer cette situation critique et ont exprimé dans un communiqué de presse leur volonté de se retirer du capital et leur absence de responsabilité quant à la gestion."
Ainsi, le 21 juin dernier, le groupement d'entreprises, lassé d'être "attaqué de façon récurrente", avait écrit : "La situation du journal reste critique et nous envisageons de nous retirer du capital. Nous espérons seulement pour les salariés corses du journal qu’un repreneur insulaire se fera connaître pour éviter la disparition du quotidien, à moins qu’il ne demeure dans les mains d’un grand groupe continental."
Les représentants syndicaux concluent en décrivant une "situation de blocage inacceptable" qui pourrait conduire à "une liquidation à brève échéance". Contacté, le PDG de Corse Matin, Jean-Christophe Serfati, n'a pas donné suite à nos sollicitations.