Le collectif Massimu Susini a annoncé, mercredi 15 février, sa démission du comité d’évaluation des politiques publiques. Il dénonce notamment le manque d’implication des élus et l’impossibilité de procéder à une réelle évaluation financière.
"Une coquille vide, même repeinte, n’est qu’une coquille vide." La critique, formulée par le collectif Massimu Susini à l’encontre du comité d’évaluation des politiques publiques, est rude. Et elle justifie, pour sa direction collégiale, une démission immédiate. Celle-ci a été annoncée mercredi 15 février, à la veille du lancement d’un cycle de travail sur les dérives mafieuses à l’Assemblée de Corse.
Ce comité avait été créé en septembre 2015, sous un statut différent de l’actuel, puis "laissé dans un long sommeil", selon les termes du collectif. Celui-ci en rappelle la raison d’être : "Face à l’infiltration mafieuse dans les marchés publics, la corruption et les conflits d’intérêt, il est indispensable de faire participer les citoyens, les associations, les collectifs anti-mafia à un contre-pouvoir pour une véritable transparence de l’utilisation du bien public".
Décrochage
Le comité a été remis en activité le 13 janvier 2021. "Nous en étions satisfaits, indique le collectif. Mais, très rapidement, nous avons pu constater que les élus supposés faire partie du CEPP n’étaient jamais présents, se contentant d’envoyer leur procuration quand ils y pensaient ! Il apparaissait de plus en plus évident que le CEPP ne les intéressait pas, tout simplement parce qu’il n’allait jouer aucun rôle sérieux dans l’évaluation des politiques publiques."
C’est ainsi que de nombreux membres issus de divers horizons auraient "décroché" au fil des mois, face à ce manque d’intérêt de la part des élus, dénoncé par le collectif.
En mai 2021, la situation se tend. À cette date, le comité décide d'évaluer la "politique publique de la santé" de la Collectivité de Corse, suite à la crise sanitaire. "Nous avions alors été plusieurs à contester ce choix, puisque cette politique ne dépend de la Collectivité que de manière très marginale", souligne le collectif.
"Absence d'évaluation financière"
En décembre 2022, le rapport d'évaluation est soumis à l'examen du bureau. Le collectif s’abstient, dans l’attente "d’explications sur l'absence d'évaluation financière de cette politique alors que, selon Mme Borromei, en application de la théorie de l’imprévision, 13 millions d'euros avaient été versés par la Collectivité aux compagnies de transports maritimes".
Un mois plus tard, fin janvier 2023, le collectif affirme n’être toujours pas en possession des justificatifs demandés. "Comment dans ces conditions évaluer une politique publique sur une période donnée, si on n’examine pas ses coûts principaux à comparer avec les résultats attendus et vérifier les résultats concrets obtenus?", interroge la direction collégiale, qui, dans ces conditions, décide de voter contre le rapport d'évaluation.
"La majorité présente des membres du CEPP ayant confirmé que l'absence d'évaluation financière était un choix délibéré, mais qu'il fallait, peut-être, s’interroger sur le périmètre d'investigation du CEPP et sur l'intégration de l'évaluation financière dans l'évaluation des politiques publiques ! S’interroger sur ce qui fait le cœur de l’activité d’un organisme d’évaluation des politiques publiques n’a pas de sens. Nous avons donc démissionné", conclut le collectif.