Marion Maréchal : « Pour un statut d’autonomie de la Corse, il faut de la cohérence »

Marion Maréchal conduira la liste Reconquête avec Eric Zemmour aux prochaines élections européennes. Elle était l’invitée du Corsica Sera ce mercredi 20 décembre l’occasion de revenir, notamment, sur les discussions autour du processus institutionnel sur l’autonomie de la Corse.

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Le 9 juin prochain se tiendront les élections européennes en France. Marion Maréchal conduira la liste Reconquête avec Eric Zemmour. Invitée du Corsica Sera, ce mercredi 20 décembre, elle répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.

Hier, mardi, s’est tenu le vote chaotique du projet de loi immigration à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national (RN) s’est prononcé pour ce vote. L’auriez-vous également fait ?

Pour être tout à fait honnête, je n’aurais pas pu voter un texte dans lequel la possibilité de régulariser des clandestins était sanctuarisée puisque c’est le cas. Gérald Darmanin lui-même a annoncé que ce texte permettrait de régulariser plus de 10.000 clandestins supplémentaires. Cela m’apparaît catastrophique puisque aujourd’hui il y a plus de régularisations que d’expulsions dans notre pays, sous le bilan d’Emmanuel Macron.

Cela va s’accélérer. Pour moi, c’est une incitation à l’immigration clandestine. Donc je ne pense pas que je l’aurais voté. Il y a quelques avancées mineures, mais ce que j’en retiens, c’est que les Français sont très déçus parce qu’il n’y aura pas de changements sur le nombre d’entrées à la fois légales et clandestines avec ce texte.

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Vous êtes dans la bataille pour les élections européennes, un sondage vous crédite entre 6 et 8 % d’intention de vote, bien loin du RN, favori de cette élection. Sur le projet européen qu’est-ce qui vous distingue concrètement du RN ?

Le dernier sondage est en effet à 8 %. Je rappelle que 8 %, ce sont 8 députés européens, ce sont des élections à la proportionnelle. Donc un point égal un député européen. Je ne me positionne pas par rapport au Rassemblement national, nous avons des idées différentes sur un certain nombre de sujets.

Sur les questions identitaires, il y a des subtilités. Par exemple, le Rassemblement national considère que l’Islam est compatible avec la République. Moi, je considère aujourd’hui qu’il y a des préceptes qui ne sont pas compatibles avec la France. C’est donc à l’Islam de s’adapter à la France et non pas à la France de s’adapter à l’Islam. Sur les questions économiques, nous sommes un parti attaché aux libertés économiques, probablement moins étatiste, moins interventionniste que ne le souhaite le Rassemblement national. Et puis sur les sujets de société, nous sommes probablement plus conservateurs.

Et sur les questions européennes, nous considérons aujourd’hui qu’il doit y avoir une articulation entre le national et l’Européen. Ce que j’ai envie de dire surtout, c’est que nous avons la possibilité de changer la majorité au Parlement européen aux prochaines élections, de pouvoir mettre le centre de gravité à droite. Et donc ainsi de pouvoir changer la ligne politique en faveur de la défense de la civilisation européenne.

En Corse, et c’est notamment la raison de votre visite, Eric Zemmour a comptabilisé deux fois moins de voix que Marine Le Pen au cours du premier tour de l’élection présidentielle. Ce qui agite la politique en Corse, c’est le processus sur l’autonomie. Emmanuel Macron est venu le défendre. Votre mouvement est plutôt fermé à ce que contiendrait ce processus, soit le statut de résident, la possibilité de faire la loi ou encore le statut de la langue corse…

Moi ce qui m’intéresse, c’est l’objectif de ce statut. Si ce statut d’autonomie a vocation à défendre l’identité corse, je n’y suis pas opposée, loin de là. Il faut voir dans le détail, mais de ce que je comprends aujourd’hui chez les nationalistes corses qui défendent à la fois l’accueil de l’immigration extra européenne - je rappelle que Monsieur Simeoni était favorable à l’accueil de l’Ocean Viking ce bateau rempli de migrants, je vois à Bastia une municipalité qui défend des idéologies déconstructivistes, comme la théorie du genre, l’écriture inclusive, qui refuse d’installer une crèche et donc de défendre nos racines chrétiennes- Ce que je veux dire c’est que pour moi il faut une cohérence. Je ne fais pas confiance à ces personnes-là pour défendre l’identité de la Corse.

Ce que je dis, c’est que l’identité de la Corse est une partie de l’identité française. J’ai envie que la France reste la France, que la Corse reste la Corse et que demain l’Europe reste l’Europe. Moi tout ce que va dans le sens de l’identité, j’y suis ouverte. Et s’il s’agit d’avoir des singularités propres à l’insularité de la Corse qui permettent de mieux défendre la transmission de la langue, qui permettent de favoriser la transmission du patrimoine, de lutter contre la spéculation immobilière ou de mettre en place, par exemple une priorité régionale pour les emplois corses, j’y suis tout à fait ouverte. Ce n’est pas un problème pour moi, bien au contraire. 

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