Saint-Laurent-sur-Gorre, 1400 habitants, abrite un centre de loisirs accueillant, pendant les vacances scolaires, vingt jeunes par jour de l’ouest limousin, de onze à dix-sept ans.
"Ici, c'est chez moi" lance Shannone Pasquier, douze ans. Cheveux longs, bruns, appareil dentaire, l’adolescente affable, habituée du Jeun’s Club, nous raconte son attachement à ce lieu. Elle revient à chaque vacance scolaire comme son amie Eva Jarmuszewicz, quatorze ans, qu’elle retrouve ici, chaque fois avec impatience. "J’ai tous mes copains d’enfance ici", confie Eva. "Ça permet de les revoir plus vieux, voir s’ils ont changé ou pas."
Sortir du quotidien
Ces jeunes de onze à dix-sept ans, encadrés par des adultes, partagent des activités, des rendez-vous classiques ou moins ordinaires. Ping-pong, jeux de société, cinéma, canoë, concert, boom… "On fait des nouvelles activités qu’on ne pourrait pas faire seul, enfin, ce serait plus ennuyant" confie Eva. Hakim Schelz, treize ans, vient au Jeun’s club pour la première fois. Il prend ses marques jour après jour, rencontre d’autres jeunes de son âge et teste de nouveaux loisirs.
Ma mère travaille alors, je devrais rester tout seul. Là, ça permet de sortir avec des adultes et d’éviter de jouer aux écrans. Aujourd’hui, c’est atelier cuisine, la semaine dernière, c'était cinéma et demain, on fera paintball, j’ai hâte.
Hakim SchelzTreize ans
Un lieu accessible aux petits budgets
Deux semaines au Jeun’s Club représente un budget de dix à vingt euros par famille. Un coût très abordable, voulu et défendu par les élus de la communauté de communes ouest Limousin et par les professionnels.
On a beaucoup de parents qui travaillent à l’usine de papier à Saillat, celle de cartons de Rochechouart, un papa infirmier… On ne peut pas augmenter les tarifs. On nous a déjà proposé, on a toujours été soutenu par notre collectivité et ça, c'est politique.
Arnaud GavinetDirecteur du Jeun’s club
Une navette assure aussi le trajet jusqu’aux domiciles de certaines familles. "Le matin, on va chercher les ados chez eux, le soir, on les ramène. Quand les parents travaillent, c’est facilitant et sécurisant", ajoute Arnaud.
Un espace pour se construire
Au Jeun’s, Eva dit apprendre à se faire des amis. Hakim, lui, raconte que partager sa culture avec les autres ados, qu’échanger ses manières de fonctionner, facilite sa vie. Shannone, explique que cet endroit est comme une grande famille : "on sera toujours là les uns pour les autres. Je suis à l’aise ici."
Directeur et animateur du centre, Arnaud Gavinet connaît très bien ces jeunes qui viennent parfois sur le long terme, pendant sept ans. Il les voit évoluer. "C’est super agréable de les voir grandir. On les accompagne comme cet été où des jeunes s’interrogeaient sur leur avenir… On les a conseillés, on leur a présenté des professionnels pour faire un apprentissage à la rentrée. Je pense qu’ils peuvent avoir des déclics en voyant les copains s’inscrire dans des lycées... Comme ils ne sont pas seuls chez eux, ça peut leur donner envie des idées, ou l’envie de se mettre à travailler."
Shannone nous livre qu’elle se sent plus responsable depuis qu’elle fréquente le Jeun’s.
Je fais plus gaffe quand je vais faire les courses, à la route, au danger… je sais dire stop, non. Ici, c’est une autre vie, c’est le paradis. Il y a moins de personnes pour te dire non, c’est plus du positif que du négatif.
Shannone PasquierDouze ans